Francis Jammes |
Il y a par là un vieux château triste et gris comme mon cour, où quand il tombe de la pluie dans la cour abandonnée des pavots plient sous l'eau lourde qui les effeuille et les pourrit. Autrefois, sans doute, la grille était ouverte, et dans la maison les vieux courbés se chauffaient auprès d'un paravent à la bordure verte où il y avait les quatre saisons coloriées. On annonçait les Percival, les Demonville qui arrivaient, dans leurs voitures, de la ville. Et dans le vieux salon soudain plein de gaîté, les vieux se présentaient leurs civilités. Puis les enfants allaient jouer à cache-cache ou bien chercher des oufs. Puis dans les froides chambres ils revenaient voir les grands portraits aux yeux blancs, ou, sur la cheminée, de drôles coquillages. Et pendant ce temps les vieux parents se parlaient de quelque petit-fils au portrait peint à l'huile, disant : il était mort des fièvres typhoïdes, au collège. Que son uniforme lui allait! La mère qui vivait encore se souvenait de ce cher fils mort presque au moment des vacances, à l'époque où les feuilles épaisses se balancent dans les grandes chaleurs auprès des ruisseaux frais. Pauvre enfant! - disait-elle - il aimait tant sa mère, il évitait toujours de faire de la peine. Et elle pleurait encore en se rappelant ce pauvre fils très simple et bon, mort à seize ans. Maintenant la mère est morte aussi. Que c'est triste. C'est triste comme mon cour par ce jour de pluie, et comme cette grille où les pavots roses plient sous l'eau de pluie lourde qui luit et qui les pourrit. |
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Francis Jammes (1868 - 1938) |
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Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
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