Francis Jammes |
Je parle de Dieu - mais pourtant est-ce que j'y crois ? - A cinq ans on me disait : tiens un croquant... Va le manger avec Marie aux vêpres. Sois bien sage et prie le bon Dieu, la vierge Marie. - Puis c'était la procession que la bonne et moi nous suivions, et de belles fleurs en coton dans des vases de loterie. Les petites filles fleuries jetaient en l'air des fleurs jolies. Je levais la tête pour voir le curé, le grand ostensoir qui luisait sur le reposoir. Et on chantait : ô bonne vierge! Ô lis sans tache! Fleur des berges! - Et l'on voyait briller des cierges. Et l'on jetait encor des fleurs, et l'on chantait : prenez mon cour, notre Dame des sept douleurs! Le curé était magnifique levant les bras pour les cantiques. Et j'entendais dans ces cantiques : tu-u-us... tu uus... Ritus......uum Us......tuus Et l'on jetait encor des roses. Les femmes pleuraient presque à cause de ces si belles, belles choses. Je voyais le petit Jésus à Noël, dans la crèche, nu. L'âne regardait par-dessus. Et maman disait : les rois mages portent la myrrhe, les images au petit Jésus qui est sage. Et je croyais que Dieu était un vieux tout blanc qui vous donnait toujours ce qu'on lui demandait. Ça m'est bien égal, ceux qui disent qu'il existe ou non - car l'église du village était douce et grise. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Francis Jammes (1868 - 1938) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
|||||||||