Francis Jammes |
J'écris dans un vieux kiosque si touffu qu'il en est humide et, comme un Chinois, j'écoute l'eau du bassin et la voix d'un oiseau - là, près de la chute (chutt! !) d'eau. Je vais allumer ma pipe. Ça y est. J'en égalise la cendre. Puis le souvenir doucement descend en inspiration poétique. « Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux » et je m'embête, je m'embête de ne pas assister à une ronde de petites filles aux grands chapeaux étalés. - Cora! tu vas salir le bas de ton pantalon, en touchant à ce vilain chien. Voilà ce qu'eussent dit, dans un soir ancien, les petites filles au bon ton. Elles m'auraient regardé, en souriant, fumer ma pipe tout doucement, et ma petite nièce eût dit gravement : Il rentre faire des vers maintenant. Et ses petites compagnes, sans comprendre, auraient arrêté une seconde le charmantage de leur ronde, croyant que les vers allaient se voir - peut-être. - Il a été à Touggourt, ma chère, eût dit le cercle des écolières plus âgées. Et Nancy eût déclaré : il y a des sauvages et des dromadaires. Puis, j'aurais vu déboucher sur la route le caracolement des ânes de plusieurs messieurs et de plusieurs dames revenant, le soir, d'une cavalcade. Mon cour, mon cour, ne retrouveras-tu que dans la mort cet immense amour pour ceux que tu n'as pas connus en ces tendres et défunts jours ? |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Francis Jammes (1868 - 1938) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
|||||||||