Francis Jammes |
L'âne était petit et plein de pluie et tirait la charrette qui avait passé la forêt. La femme, sa petite fille, et le pauvre âne faisaient leur devoir doux, puisque dans le village ils vendaient pour le feu le bois des fruits du pin. La femme et la petite fille auront du pain qu'elles mangeront dans leur cuisine, ce soir, près du feu que la chandelle rendra plus noir. Voici Noël. Elles ont des figures douces comme la pluie grise qui tombe sur la mousse. L'âne doit être le même âne qu'à la crèche qui regardait Jésus dans la nuit noire et fraîche : car rien ne change et s'il n'y a pas d'étoile, cette nuit, qui mène à Jésus les mages vieux, c'est que cette comète au tremblement d'eau bleue pleure la pluie. C'était aussi simple autrefois, quand les anges chantaient dans la paille du toit; sans doute que les étoiles étaient des cierges comme ceux qu'il y a aujourd'hui près des vierges et, sans doute, comme aujourd'hui les gens sans or, que Jésus, sa Mère et Joseph étaient des pauvres. Il y a cependant nous autres qui changeons si rien ne change. - Et ceux qu'aime bien le bon Dieu, comme autrefois aussi sous l'étoile d'eau bleue, c'est les ânes très doux aux oreilles bougeantes, avec leurs jambes minces, roides et tremblantes, et les paysannes douces et naïves du matin qui vendent pour le feu le bois des fruits du pin. |
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Francis Jammes (1868 - 1938) |
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Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
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