Francis Jammes |
L'après-midi d'un dimanche je voudrais bien, quand il fait chaud cl qu'il y a de gros raisins, dîner chez une vieille fille en une grande maison de campagne chaude, fraîche, où l'on tend du linge, du linge propre, à des cordes, des liens. Dans la cour il y aurait des petits poussins, qui iraient près du puits - et une jeune fille dînerait avec nous deux seuls comme en famille. Nous ferions un dîner lourd, et le vol-au-vcnt serait sucré avec deux gros pigeons dedans. Nous prendrions le café tous les trois, et ensuite nous plierions notre serviette très vite, pour aller voir dans le jardin plein de choux bleus. La vieille nous laisserait au jardin tous deux. Nous nous embrasserions longtemps, laissant nos bouches rouges collées auprès des coquelicots rouges. Puis les vêpres sonneraient doucement, - alors elle et moi nous nous presserioas encor plus fort. C'est aujourd'hui la fête de Virginie... Tu étais nue sous la robe de mousseline. Tu mangeais de gros fruits au goûl de Mozambique et la mer salée couvrait les crabes creux et gris. Ta chair était pareille à celle des cocos. Les marchands le portaient des pagnes couleur d'air et des mouchoirs de lêlc à carreaux jaune-clair. Labourdonnais signai! des papiers d'amiraux. Tu es morte cl tu vis, ô ma petite amie, amie de Bernardin, ce vieux sculpteur de cannes, et lu mourus en robe blanche, une médaille à ton cou pur, dans la Passe de l'Agonie. |
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Francis Jammes (1868 - 1938) |
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Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
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