Francis Jammes |
Agonie Par le petit garçon qui meurt près de sa mère tandis que des enfants s'amusent au parterre ; et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment son aile tout à coup s'ensanglante et descend ; par la soif et la faim et le délire ardent : Je vous salue, Marie. Flagellation Par les gosses battus par l'ivrogne qui rentre, par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre, par l'humiliation de l'innocent châtié, par la vierge vendue qu'on a déshabillée, par le fils dont la mère a été insultée : Je vous salue. Marie. Couronnement d'épines Par le mendiant qui n'eut jamais d'autre couronne que le vol des frelons, amis des vergers jaunes, et d'autre sceptre qu'un bâton contre les chiens ; par le poète dont saigne le front qui est ceint des ronces des désirs que jamais il n'atteint : Je vous salue. Marie. Portement de Croix Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids, s'écrie « Mon Dieu ! » Par le malheureux dont les bras ne purent s'appuyer sur une amour humaine comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène; Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne : Je vous salue, Marie. Crucifiement Par les quatre horizons qui crucifient le Monde, Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe, Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains. Par le malade que l'on opère et qui geint et par le juste mis au rang des assassins : Je vous salue, Marie. |
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Francis Jammes (1868 - 1938) |
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Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
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