Francis Jammes |
Mon Dieu, mon cour déborde. Est-ce de la douleur ? . Et je me meurs d"amour, de joie et de tristesse. Laissez venir à moi les jeunes filles frêles qui charmèrent mon âme de leurs blanches candeurs. Celles qui m'ont compris, qu'elles viennent et posent à ma lèvre un sourire attristé et la rose de leur bouche entrouverte et pareille en beauté à quelque fruit de rêve et mûr au moLs de mai. Dieu, je me meurs d'amour et mon âme est en fleurs. Je suis comme un buisson empli de chèvrefeuilles. Laissez venir à moi, mon Dieu, les bien aimées. Que de chaque côté de mon lit d'agonie, leurs bras souples et nus sur mon cour réunis, leurs bras nus que mordra leur bouche douloureuse prennent l'inflexion des tiges d'églantines. Que sur mon agonie, longues fleurs amoureuses, leur sourire se couche ardent et douloureux et que mon dernier sou file entraîne dans mon sang le suprême parfum de leur corolle rose. O Lucinde, sois celle-là sur qui je pose mon dernier mot d'amour, ô fleur chaude et vivante. O jeune fille amie, qu'en un dernier sanglot d'amour, long comme un chant de cygne sur les flots, je frémisse un instant sur ta chair blonde et meure comme un écho d'orage où des colombes pleurent. Je veux voir en mourant vivre des jeunes filles. Dites-leur de venir, et que leurs grands chapeaux, leurs chapeaux de soleil tremblent sur nos baisers plus lisses et sucrés que des chairs d'abricots. O Dieu, vous qui savez à quel point j'ai aimé ces fleurs épanouies de chair en mois de mai, laissez-moi donc mourir avec un bras posé sur une nuque d'or secouée par des larmes. Et que vers Vous s'élève, en baisers blancs, mon âme. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Francis Jammes (1868 - 1938) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
|||||||||