Francis Jammes |
Un jeune homme qui a beaucoup souffert traverse la place du hameau vert. La chaleur est immense. Il passe devant l'auberge et une modeste grille où s'entortillent des roses et de la vigne. La douce hirondelle poursuit les guêpes dans le silence. C'est l'heure des vêpres. Il entre doucement, sans être aperçu, dans l'église pauvre où les voix aiguës des Filles de Marie font un chant frais. Au dehors, silence. La vieille forêt où dorment les écureuils et les piverts rappelle ces beaux dessins qui ornent quelque botanique d'une autre époque donnée en prix à des personnes mortes. Le jeune homme voit dans le banc, qui luit d'ombre douce, de vieux paysans. Il voit l'autel pâle aux belles fleurs peintes, le curé chantant et les belles teintes que la lumière jette sur les dalles. Une jeune fille qui est très belle, sous le jour d'un vitrail est violette. Ce jeune homme sort des vêpres ému par la piété de la jeune fille. C'est une jeune fille de bonne famille qui habite une vieille maison perdue sous des arbres, avec son père et sa mère. Le jeune homme dont la vie a été amère revient plusieurs fois à ces mêmes vêpres. Il devient pieux. Il est présenté aux parents de la jolie jeune fille par le vénérable et bon curé. Bientôt les deux jeunes gens sont fiancés et, le soir, quand le jeune homme y a dîné, ils vont tous les deux se promener le long des fleurs en nuit dans les allées. Il dit : je voux aime. Alors elle est heureuse. Un rossignol enchante la nuit amoureuse, musicale chose pluvieuse, et son chant délicieux se mêle au parfum des iris et à la chanson de l'eau. Ainsi va la vie. Ils furent mariés par le bon curé quelques jours après. Et le jeune homme au cour malheureux fut guéri pour toujours, et pieux. |
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Francis Jammes (1868 - 1938) |
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Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
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