Francis Vielé-Griffin |
Ce furent là des heures douces, O ma dame des roses blondes, Où tournoyait en folles rondes L'essaim des rêves sur les mousses, Et vous disiez des choses douces. Ce furent des baisers de rêve, O ma dame des roses blondes, Comme fleuries en d'autres mondes ; Et sous la lune qui se lève. J'ai cueilli des baisers de rêve. Ce fut mon radieux poème, O ma dame des roses blondes. J'aurais noyé parmi les ondes De vos tresses mon âme même : Et vous n'aimez plus qu'on vous aime. Sais-tu l'oubli D'un vain doux rêve. Oiseau moqueur De la forêt ? Le jour pâlit, La nuit se lève, Et dans mon cour L'ombre a pleuré ; O chante-moi Ta folle gamme, Car j'ai dormi Ce jour durant ; Le lâche émoi Où fut mon âme Sanglote emmi Le jour mourant... Sais-tu le chant De sa parole Et de sa voix, Toi qui redis Dans le couchant Ton air frivole Comme autrefois Sous les midis ? O chante alors La mélodie De son amour, Mon fol espoir, Parmi les ors Et l'incendie Du vain doux jour Qui meurt ce soir. Les mots que vous disiez je les redis à l'ombre, Le verre où vous buviez je l'ai brisé de rage ; Accroupi dans la nuit sinistre de la plage J'écoute le canon lointain d'un brick qui sombre... Et que vous importait mon âme, douce dame ? Mon amour ingénu, vous deviez en sourire ; Et puis, en somme, était-ce à moi de vous le dire. Et devais-je espérer que vous prissiez mon âme ? Le phare, à l'occident, alterne ses couleurs ; La sirènt haie hulule au ras des syrtes ; Mais la nuit glaciale est claire de pâleurs... Qu'avais-je à vous parler de roses et de myrtes, Vous dont les yeux changeants émerveillaient mon cour, Vous dont la voix trop douce étonna ma candeur ? Ton cour larmoie Ce soir de Mai, Comme un enfant ; Ton cour larmoie, Et se défend D'avoir aimé Comme un enfant...... Ton cour regrette, En ce doux soir, Comme un remords ; Ton cour regrette Ses rêves morts Et cet espoir, Comme un remords... Ton cour hésite Et craint d'aimer Comme d'abord ; Ton cour hésite... Et c'est au bord De cette mer, Comme d'abord... Ton cour se grise Au même vin Sans le savoir ; Ton cour se grise En ce doux soir, Encore en vain, Sans le savoir... Le rêve conscient qui te donne ma vie Est triste du regret des futurs abandons, Et la sente rieuse, où l'âge nous convie Pour l'étape d'une heure où nous nous attardons En ce rêve joyeux qui te donne ma vie, Nous mène au carrefour prochain des abandons... O la rieuse sente où l'amour nous convie Et l'étape alanguie où nous nous attardons !... Ce rêve d'énergie est lâche et fol en somme Et ce toujours banal est menteur en effet ; Car la fatalité surhumaine nous somme : La trame de nos vceux s'effile et se défait, Et tout serment d'amour est lâche et fol en somme ; Car je connais trop bien le serment que j'ai fait, Et que l'oubli fatal du lendemain nous somme, Et comment ce lien fragile se défait..... Mais ce rêve idyllique est comme l'accalmie ; Ta voix chaude me berce ainsi qu'un océan ; Et ta parole arrive à mon âme endormie Comme un chant vague avec l'oubli de ce néant Du rêve, et de l'amour, et de son accalmie ; Laisse voguer mon âme au loin sur l'océan Et berce de ta voix son rêve d'endormie ; Puisque demain devra pleurer tout ce néant. Voici, pour vivre une heure, un rêve riverain. Les sables et les saules gris, et le serein Espace du ciel clair, et toutes les prairies Vers l'occident, où vont les génisses nourries De fleurs et d'herbe douce ; et tu peux vivre, ainsi, Ignorant quel hasard t'a mené jusqu'ici, Rieur du rire inconscient, rêveur du rêve Gai des forêts d'avril où sourd un chant de sève. Car le jour est joyeux et le fleuve s'endort : On y pourrait cueillir le reflet des fleurs d'or. Il s'envole de blancs flocons aux toisons grises Des nuages, épars aux plaines inconquises En lents troupeaux brouteurs et que pousse, berger Invisible des infinis, un vent léger, Si léger que son vol à peine effleure l'onde... Et la passivité de cette heure est féconde. |
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Francis Vielé-Griffin (1864 - 1937) |
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Portrait de Francis Vielé-Griffin | |||||||||
Biographie / chronologie1863 - Le 26 mai, naissance à Norfolk en Virginie, d'Egbert Ludovicus Vielé, « Bertie », quatrième enfani de Térésa Griffin et du Général Egbcrt Vielé, gouverneur militaire de la Virginie pendant la Guerre de Sécession. Bibliographie / OuvresORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE |
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