Francis Vielé-Griffin |
Les roses du chemin évoquent d'autres roses ; L'avril impérieux évoque un autre Amour ; Cet avenir, joyeux espoir, que tu proposes, Rappelle du passé l'ombre d'un autre jour ; Les roses du chemin évoquent d'autres roses. Le catafalque virginal - ô roses blanches ! - ; Les cierges dans la nuit des crêpes ; le pas lourd Des hommes ; l'orgue lent - comme de nos dimanches D'autrefois - ; et la foule indifférente autour Du catafalque virginal aux roses blanches. Ces jours sont morts ; ta vie, appareillant vers l'aube, Sombrait avant l'aurore éblouie où je vais, Rêveur ambitieux de la victoire improbe Et défiant le souvenir des jours mauvais : Ces jours sont morts ; l'aurore a refoulé cette aube. Dis-moi, toi qui rêvais la harpe de l'archange, Ce soir de causerie intime, si le Dieu Des jours d'alors t'a pris au sein de la phalange Harmonieuse de ses chours, et dis le Lieu Très-Saint où chante vers son Christ ta voix d'archange... Sans doute, et tu connais les Rythmes et les Songes, Et quelqu'Amour inapaisé des âmes sours ; Et tu prends en pitié notre art et ses mensonges Aimés, et la banalité chère des cours ; Et tu connais l'Amour, les Rythmes et les Songes. O Doux mort, ô fiévreux enfant, mort de l'ivresse Que donne aux cours choisis le Vin sanglant ; et nous, Malgré qu'aux carrefours de tous chemins se dresse La croix prestigieuse et qu'on baise à genoux. Nous avons préféré la Vie à cette ivresse. Fous de désirs émancipés et d'amour jeune Vers l'univers conquis à nos voux timorés Nous marchions, abreuvant d'espérance le jeûne Des cours ; et nous allions vers des buts ignorés Dans la joie ivre et dans l'enfiévrement du jeûne. Et cependant que nous allions parmi des roses Blanches, au gré du sentier vert, ce jour d'avril, Le souvenir m'a pris du tertre où tu reposes Endormi dans l'espoir du rêve puéril ; Les roses du chemin évoquant d'autres roses..... Si bien que, dans le soir qui vient, mon âme est triste Vaguement, sans regret, si ce n'est d'un espoir Et que mon cour impétueux et doux résiste Aux promesses de l'ombre aimante, et, dans le soir Qui vient très lentement sur nous, mon âme est triste. Il eût suffi pourtant de ce deuil monitoire Pour aviver en toi la croyance magique Et ployer tes genoux devant le Saint-Ciboire. Reprends ta lyre et rythme à nouveau la supplique D'un chant humilié qui plaigne et glorifie, Du seuil, vers l'Agneau saint de la Messe tragique. Dis : « Christ, mon cour est las et ma barque dévie Au gré de l'ouragan vers la mort éternelle, Du festin de la chair mon âme est assouvie. » Dis encore : « Christ Dieu, mon âme ne vaut-elle Pas une goutte du Vrai Sang qu'un prêtre épanche, Et n'as-tu pas souci de mon âme immortelle ? » Grise-toi de l'encens croulant en avalanche Du chour vers le parvis où dans l'ombre tu pries, Et voici que soudain ton âme est toute blanche ! Jusqu'au ciboire d'or gemmé de pierreries, Où gît le Pain vivifiant, avance et mange : Car Christ ne perdra pas Celles qu'il a nourries. Sens au fond de ton être abject s'éveiller l'ange, Entrevois, un instant, le Ciel pour qui les sages Ont dédaigné la terre et l'amour de sa fange ; Et des Voix te diront d'extatiques messages... |
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Francis Vielé-Griffin (1864 - 1937) |
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Portrait de Francis Vielé-Griffin | |||||||||
Biographie / chronologie1863 - Le 26 mai, naissance à Norfolk en Virginie, d'Egbert Ludovicus Vielé, « Bertie », quatrième enfani de Térésa Griffin et du Général Egbcrt Vielé, gouverneur militaire de la Virginie pendant la Guerre de Sécession. Bibliographie / OuvresORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE |
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