Georges Haldas |
I Ainsi je vais attendre Attendre le silence et descendre les marches Une à une les marches une forêt de marches un espace liquide une douleur sans fin Un visage entrevu qui se défait La main se retire et le pas s'agrandit Nul sommeil et jamais de malin Le pas Toujours le pas et jamais le regard Jamais la voix II Ni pleurer ni même secouer les épaules Nous n'avons plus de fils Et le couple des ombres s'en va dans la forêt L'écho même est muet On comptait les années et on criait Merci Merci bivouaquer dans cette solitude Arbres mouillés et cris Silence de musées On emmêlait les fils On cherchait la cabine dans le parc endormi On ruminait les choses On perdait notre laine Il fallait avancer De douleur l'aube même semblait nous allaiter Il y a dans chaque aube une attente Dans chaque attente un deuil Et la maison se dresse toujours inhabitée Une maison tournée du côté du passé sans volets sans jardin sans fumée La maison de l'attente l'hiver sur les chemins gelés Maison des feux éteints Du temps paralysé Je ne peux plus parler que par cette ombre extrême par ce roc désolé par un silence amer par l'automne adoré par l'adieu éperdu aux branches du passé ô visages tendus au-dessus des labours vers la neige Déjà je ne suis plus un homme J'ai perdu toute force Je me tiens dans l'espace transparent où l'hiver a fïgé les villages que nul n'habite plus Voici la terre acquise des grandes profondeurs Voici le pain du soir J'aurai seul traversé la zone calcinée et quitté la maison J'aurai seul en marchant effrayé les oiseaux salué le soleil en lui tournant le dos Ne dites rien Tout mot est une balle J'erre entre les mots Je vis dans un long crépuscule où se croisent les voix où les regards s'oublient où se perdent les pas Toujours l'arbre du cour dans la nuit repoussait La tache d'or strié Toi qui étais partout Toi l'arc des jours tendus Toi l'étoile polaire Où en est maintenant ta vendange ô lumière ? Où sont les jeux d'enfants les lilas les moulins ? Le lait qui descendait sur le petit matin des condamnés à mort Les souvenirs éteints Brûlure au sang léger Brûlure où je revis Transparentes années Tout brille tout me fuit Tout renaît en fumée Et je te suis Soleil sur les mouvants chemins qui vont dans la forêt Bien en dessous du cours général des pensées Dans les profonds marais Dans la salle interdite Parmi les jeux secrets |
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Georges Haldas (1917 - 2010) |
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Portrait de Georges Haldas | |||||||||
OuvresLa poésie est la première parole. Mythes, épopées, oracles, voix des mystères et des mystiques, puis de l'amour, de l'indignation, de la révolte, de l'espoir ou de l'humour, de la vie quotidienne et de la solitude. Introuvables ou retraduites, classiques ou contemporaines, familières ou méconnues, ce sont ces voix innombrables que la collection Orphée souhaite faire entendre parce que plus que jam BiographieGeorges Haldas né le 14 août 1917 à Genève (de père grec et de mère suisse) est un écrivain, poète et traducteur suisse francophone. |
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