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Jacques Izoard



Douceur coupée - Poéme


Poéme / Poémes d'Jacques Izoard







Où vit la douceur

je touche la dormeuse

ou le dormeur ami.

Mais rien ne sauve

le feu qui s'évertue

à lécher la pâleur

du palais, du paradis.





Adore la verge dure cachée dans le lilas.
Vole bras et jambes, provoque attentats, merveilles.
L'alcool bu délivre palabres et paraboles.
Le feu mange la main du dormeur à court d'haleine.



Détresse en son mât : pieds et mains qu'on lave le plus souvent possible.
Et la langue a la saveur de l'autre langue.
Et nous parlons ensemble de carquois ou de pals, unis, désormais.



Plie les doigts : tu allonges le sang dans sa course où grossit l'ombre du poing.
Les nerfs sont invisibles : meurt comme verre le bruit le plus lointain, le silence où tu vis de la tête aux pieds.



Épaule belle ou bassin

de pierre, de rose, de feuille.

Ou lune de laine

sous la langue légère

qui dort dans le palais.

Cinq doigts, cinq tempes

et le thym touché

qui meurt dans la bouche.

Le gel et la salive

luisent dans l'oil :

quelle crête y croît ?

Quelle flamme y palpite?

Un fil d'or casse.

Le cour ne bat plus.



Maison-tambour: l'osselet traverse aussi le linge.
Et le fil du souffle est roulé dans le cour.
Et les doigts craquent ou frottent la peau dès qu'on bouge la tête.
La main grandit dans le corps qui sommeille.



Le coq roule en campagne et les nains siffleurs sifflent de tous leurs sifflets noirs.
Jura suisse ameute et poternes, et casernes.
On se croirait déjà, dès le jour qui pointe, décédé à jamais.
Ment impunément qui meurt à tout instant.

Nos marquis, nos mimosas,

nos femmes les aiment.

Jeux jaillissent: quilles

bras de thym volé...

Qui s'appelle

Caillou-la-langue?

Qui tombe dans le torrent

qui n'existe pas?

Nulle coque, nul corps.

Seule, l'ardeur lisse

de la plume ou de l'oil.



Petits cris, petits pas.
La rivière se déchire.
Cent sabots brûlent.
Gens joufflus huent mendiants et voleurs.

Commence ici le charabia des coqs et des tortues: la boule du sommeil roule dans le lit du voisin.
Les doigts font leur douceur par le chemin des jambes : voici poinçons et marteaux, qui vont, qui viennent.
Une fontaine étouffe le lent tocsin du cour.



Les bons enfants, près de l'agneau, ne sont ni soumois, ni pervers.
Dormons dans les bras des autres.
Un bouton de métal agace la nuque ou le poignet.
Nul rêve n'endort le froid qui, soudain, nous garrotte.
Je tire le corps du fils dans le jardin désert.

«Main fermée sert de logis au petit poing du voleur, à la langue de la fileuse, au nain bossu des contes, à la main du
Mozabite, au sein de l'endormeuse.
Je tire d'une boule de laine oreillers et pourpoints».



Deux garçons d'oufs battus vivent dans la coque du poignet: je cache les marteaux dans la serre et n'y vais plus jamais.
Je cuis à four très doux le gâteau russe.
Et la pluie peut frapper au carreau.

La fauvette y loge.

Dieudonné meurt dans les chardons.

Le plus grand doigt de la main

n'est qu'un frère parmi d'autres.

Peut-il toucher les lèvres ?

Peut-il suivre la trace

de la salive heureuse?

Étrave du poing qu'on lance,

qu'on brandit au combat.

Ou mât de verre très bleu

dressé parmi les hampes.



Ouvre les bras.

Le cerf-volant s'abat

dans un sabot fleuri.

Et c'est la cavalcade

des nains et des toupies.

Accueille en ta maison

les miroirs, les feux d'herbes.

Amis des bras et des épaules, et des coudes creux, des paumes, voici les fourreaux froids du gel.
Avance vers moi, rivière.
Et vous, chercheurs de petits os, le délire vous emporte.
Les cinq doigts de la main sont les chemins du cour.



J'amoncelle

cuillers et pieuvres de papier,

carcans et bouts de laine.

En un mot, je vole

femmes et garçons, bétail.

L'haleine de la lune

me teint les cheveux.



Je me couvre de sable: je prononce les mots simples tels que «rêve» ou «vie».
Vélocipède existe aussi dans la douceur noyée de ce que j'aime...



Vanille oscille en vain.

Dans la souche, un poing de fille

serre les cheveux du vent.

La petite poudre blanche

me couvre tout le corps.

Visage anonyme esquive

le baiser du souffleur.

Un coup de hache dans un tambour et rien ne sera plus pareil : la langue dans l'entrejambe devient l'onguent bleu des fêtes.
L'oil funèbre, le lasso.
Donc, les petits hommes pissent dans l'étui des supplices.



Mille empires dans la main.
Je suce la fleur d'ombre et l'eau vive envahit le cour noir d'un garçon.
Passe un siffleur d'insultes, connaissant venins, vertiges...
Dans la jambe, un renard doré perd son plus beau pelage.

L'arc de ta langue est instrument de sourd.
Une pelote de laine cache le petit cour des amis du dimanche.
Et l'on pèse le sel, pour mieux vivre.

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Jacques Izoard
(1936 - 2008)
 
  Jacques Izoard - Portrait  
 
Portrait de Jacques Izoard

Biographie

Le 29 mai 1936
naissance de Jacques Delmotte à Liège, dans le quartier populaire de Sainte-Marguerite. Son père est instituteur, sa mère professeur de dessin. Il aura une sour (Francine, née en 1940) et un frère (Jean-Pierre, né en 1945). Ancêtres rhénans, dont on se transmet en famille de lointaines citations.

RepÈres bibliographiques

OUVRES DE JACQUES IZOARD

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