Jacques Izoard |
Qui perd plumes en dormant jeûnera tout le jour: le bleu, le fracas, la toupie, voilà nos biens, nos recels. Je pose le regard dans l'oil de l'autre à court d'haleine. Je meurs quelques instants. J'échange vertèbres et pacotilles. Le sang neuf apparaît. Troubadour pille château de papier, donjon de dentelle. Ah ! Les violons couchés dans ce jardin huitième, où je crie «pierre !», où je salue la dame qui coupe grappes, bouquets ; Que ne fus-je seul ici, haussant la voix nue, avec la main d'épines ei le tonneau pansu qui grommelle!... La maison dans le doigt se fait petite, petite. Y coud la fille un vêtement de lin. De phalange à phalange un escalier descend et tourne dans la paume et va jusqu'au cour creux. Dormeur endormi ne dort qu'à moitié. Dague et langue sont sours de dard. Vit en moi le sosie dont je suis la pâleur. Sur l'aile, noir de fumée... La maison cache le héron qui dort sans clefs. Déjà, l'été, les taupes et les herbes et leurs langues, et la pluie qui vient, qui nous touche les épaules et les régions du corps sous la laine, sous la peau. Terrain perdu : cent chats logent dans une boule de papier. Je coupe en quatre feux et cheveux. Je caresse un lilas mauve. En amont, les voleurs ont des conciliabules. Échasses, aiguilles, guêpiers sont objets sans usage. Je tiens tête: quelle fine lingerie couvre la source? De haut en bas, le lierre serre le corps. La tornade arrache les oufs, les nids. S'écroule la clameur. S'effrite la peau : s'endort la lumière dans le rond de l'oil. Les poings du patient liés aux chevilles: la peau douce enlevée par lambeaux et saccades. Rose-thé du Brésil, où le sang électrique met la bave à la bouche et le cour haut. Et nous, partisans de faux endormies, des maisons à l'abandon, nous errions errants, comme graminées, légers dans nos cheveux, tremblants dans nos socs, pour tout dire, nus. Ah ! Que n'avions-nous centaines d'arbres à traîner, rivières à détourner de leurs lits! Petits chapeaux de chaleur nous etreignent. Et buses de planer. Et singes de voler l'enfant de la comtesse. Très aigus, les cris nous laissent de marbre. Mais nous marchons, avides, heureux parmi les sucreries, les baies, les sureaux, les squelettes d'oiseaux à la croisée des sentiers, nous acharnant à marcher sans trêve, et ramassant bouts de bois, lampes anciennes, tessons de feu, pièces de monnaie. Suivez-moi, monts gonflés de sève, je vous aime de mes propres mamelons, de mes dents de scie, de mes membres de sèche ardeur. Et tambour de vomir, de cracher angélus pansus, criailleries affûtées ! |
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Jacques Izoard (1936 - 2008) |
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Portrait de Jacques Izoard | |||||||||
BiographieLe 29 mai 1936 naissance de Jacques Delmotte à Liège, dans le quartier populaire de Sainte-Marguerite. Son père est instituteur, sa mère professeur de dessin. Il aura une sour (Francine, née en 1940) et un frère (Jean-Pierre, né en 1945). Ancêtres rhénans, dont on se transmet en famille de lointaines citations. RepÈres bibliographiquesOUVRES DE JACQUES IZOARD |
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