Jacques Izoard |
Histoire du laitier: la cruche n'avale aucun liquide. Le lait, dans la salive, annonce le lent partage des jambes et des cours. L'arbre suit, pas à pas, le trajet de blancheur. Tohu-bohu glacé. Pis de douceur auquel je rêve. Le lait sans chemise allonge le cou. touche le corsage. Le lait, le liseron. les amis de la femme. Grosse querelle des maillets dans un tambour bleu. Je caressais une femme cachée dans un garçon. Salut, noble carabe ! L'herbe a envahi un parloir d'hirondelles. Et nos dents siffleuses. Cidre sur dont la pomme fut le bon igloo. Main sans main, où vit l'ovale objet, le manche de bois qui frotte la paume, qui adoucit le vent. L'amande sans cosse lèche la langue. S'enterre la lumière. S'enfouit le grain. Pals et phalanges que l'encre assemble. Flibustier goguenard. Mammifère ongulé. Pal dans la bouche : les bras serrent le corps, les coquins rêvent de vêtements neufs, tandis qu'on parle de l'hiver des fées. Doux liquide amer que la laine absorbe... Pals et paroles, instruments lisses, nerfs effilés. Doigts de dix phalanges. Le petit pouce dort dans la main fermée. Le sommeil : cent poinçons de fourmis rouges. Mieux vaut siffler dans la campagne que dormir dans ses doigts: le vin rougit l'enclume et les tisserands tissent le grand pêcher neigeux. Parler clopin-clopant, déchirer les lèvres, caresser les plumiers tachés de jus de mûres, voilà nos projets noirs, nos discours, nos prouesses. Au fil de l'eau s'éloignent auberges et jardins. La gangue est l'ombre: y sont serrés mes doigts, mes petits châteaux de fée. Les nerfs nagent. Le bleu mis en charpie coiffe la maison, la tonnelle. Je me fais très petit dans le dé des délices. Ici, le vin noircit le cour: coups de tambour pleuvent ! Cris de faux, cris de rouet ! Nous comptons les chandelles dans l'armoire en noyer. Nous comptons les os des fleurs et des arbres. Le cour est un village : les mots dorés, le pain les cache en son ventre de dormeur. Les fileuses épousent des mendiants de passage. Galeux, le vieux bouc fait amende honorable. La ciguë prend feu dès qu'un enfant la coupe. Lierre bleu du regard : les pièces d'eau, les serres, sous la main, se déguisent. Coupeur de forêt, je cherche ici même un boniment neuf: courez, voleurs, hurlez, venins. Nous marchons dans les rues. Nous enroulons les rues sous notre peau, sans pépiements. Pal bleu, écume. La prunelle, dans l'oeil, la pupille de papier. Hélène ou la neige. Ou la veine et les citrons. Je vis dans la main nue, je cache les mots cachés, je respire sans entrave. |
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Jacques Izoard (1936 - 2008) |
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Portrait de Jacques Izoard | |||||||||
BiographieLe 29 mai 1936 naissance de Jacques Delmotte à Liège, dans le quartier populaire de Sainte-Marguerite. Son père est instituteur, sa mère professeur de dessin. Il aura une sour (Francine, née en 1940) et un frère (Jean-Pierre, né en 1945). Ancêtres rhénans, dont on se transmet en famille de lointaines citations. RepÈres bibliographiquesOUVRES DE JACQUES IZOARD |
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