Jean de Bosschère |
par Michel Desbruères Jean de Boschère romancier, conteur, essayiste, auteur de livres de nature, de Mémoires et d'un Journal, peintre, illustrateur et sculpteur, est, avant tout, un poète. Pourtant son ouvre poétique, au sens strict, de Don d'amour (1910) à Midis sur nos cratères interdits (mai 1952), ne compte que quelque cent vingt poèmes, si l'on n'y intègre pas ce que l'on peut considérer comme des poèmes en prose. De The Closed Door (1917) à Le Paria couronné (1956, posthumE), le message de Boschère aura été transmis par cinq recueils importants et cinq plaquettes, mais dans un tel désordre et avec de si longs espaces entre les publications, qu'il n'a été reçu jusqu'ici que par le noyau d'admirateurs que cette ouvre a rassemblé sans désemparer tout au long du xxc siècle. Quand seront publiés ces poèmes dans l'ordre où ils furent écrits, leurs lecteurs découvriront un itinéraire spirituel et poétique marqué du sceau de l'unité car ces cris, ces anathèmes, ces convulsions, ces accès de beauté sont les pierres noires ou blanches, sur le chemin d'une ascèse, jusqu'à cette transfiguration d'un homme par la révélation qui lui permet d'atteindre une foi. Cette situation de Jean de Boschère, à la fois grand poète et grand mystique, reste à discerner, et à lentement intérioriser, pour la plupart d'entre nous. Jean de Boschère, fils de Charles, botaniste dont la qualité était reconnue par plusieurs nations européennes, était né en 1878 à Uccle, près de Bruxelles. Il avait six ans quand la nomination de son père comme professeur de sciences naturelles à l'Ecole Normale de Lierre entraîna l'installation de la famille dans cette petite ville située dans la Campine à quinze kilomètres seulement d'Anvers. Les dix années vécues là seront le sujet, trente ans plus tard, d'un grand roman : Marthe et l'Enragé. En 1894 - Jean de Boschère a seize ans -, nouvelle installation des parents et de leurs six enfants, cette fois à Anvers : dans cette grande ville tout est réuni pour que le destin du jeune Boschère puisse commencer de se mettre en marche. Dès l'âge de dix ans, à Lierre, Jean a pris des cours de dessin. A douze ans, il est capable de portraiturer sa famille et de peindre des paysages de la Campine qu'il recrée dans une dominante de bleu. En fait, le dessin aura été la première manifestation de sa vocation multiforme : il ne l'abandonnera jamais, même si l'écriture deviendra sa forme suprême d'expression. Et cette disposition aura, dans l'immédiat, une conséquence primordiale : Jean entrera à dix-huit ans à l'Académie des beaux-arts d'Anvers. Il devient studieux, acceptant une discipline qui, dans l'atmosphère d'un atelier, ne lui paraît pas trop contraignante. En 1900, à vingt-deux ans, il a déjà beaucoup travaillé : non seulement il dessine, mais il commence à accumuler des connaissances sur l'histoire de l'art, particulièrement flamand, qui lui permettront de publier des articles de valeur dès 1905, ainsi que ses premiers livres : Le Style de Leys, Sculptures anciennes à Anvers, Edifices anciens, Quinten Metsys, Essai sur la dialectique du dessin et La Sculpture anversoise aux xv* et xvi' siècles. De 1905 à 1909, Boschère publie ainsi une ouvre d'essayiste qui révèle, au-delà des connaissances acquises, bien des traits et dispositions de sa personnalité en formation. Arthur Cornette, ami anversois de Boschère, traduit Under the Hill d'Aubrey Beardsley qui va avoir une influence décisive sur Jean de Boschère et son entrée en poésie. Beâle-Gryne paraît en 1909 dans la Bibliothèque de l'Occident dont le directeur est Adrien Mithouard et le secrétaire Albert Chapon. Sur la page de faux-titre on lit : « Béâle-Gryne, d'autres poèmes et des images par Jean de Bosschè-re. » En réalité, le recueil, car c'est d'un recueil de poèmes en prose (ou de proses poétiqueS) qu'il s'agit, se compose de quatre parties, toutes indiquées sur la page de titre : Béâle-Gryne ; Dorianède ; Mirages en été ; Arabesques. La première est dédiée à André Fontainas, les trois suivantes à Adrien Mithouard. Une dizaine de planches hors-texte et quelques dessins dans les poèmes, sans compter lettrines et culs-de-lampe et un très bel autoportrait intitulé |
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Jean de Bosschère (1878 - 1953) |
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Portrait de Jean de Bosschère | |||||||||
BiographieAu début de 1915, Boschère quitte la Belgique occupée pour Londres, où il lie son sort à celui des Imagistes anglo-américains : The Closed Door (1917) et Job le Pauvre (1922), parus à Londres, obéissent aux préceptes de la nouvelle école, mais disent surtout la découverte de la révolte comme progrès spirituel. Après avoir voyagé en Italie, Boschère s'installe à Paris, où paraît, en 1927, Marthe et Chronologie jean de boschere1878 - Naissance à Uccle, près de Bruxelles, de Jean de Boschère. 1884-1894 - La famille s'installe à Lierre dans la Campinc, époque de laquelle Boschère tirera l'un de ses grands romans : Marthe et l'Enragé. 1894 - Installation à Anvers et entrée à l'Académie des beaux-arts, en 1898. 1900-1905 - Premiers voyages à Paris. 1905-1909 - Publication d'une série d'ouvrages s Boschere vu par...« C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Jean de Boschère m'a fait. Je veux dire qu'il m'a montré combien lui et moi nous nous ressemblions et nous étions proches, et cette preuve au moment où je suis m'es Bibliographie des oeuvres poÉtiquesBéâle-Gryne, L'Occident, 1909. Traduction en russe par M. Vezélov-sky, éditions Lazare Stoliar, Moscou, 1914. The Closed Door, édition bilingue avec traduction anglaise par F.S. Flint, préface de May Sinclair, John I.ane. I.ondres, 1917. |
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