Jean de Bosschère |
Saint Logogure de Locuste Sainte Madeleine de Mentepolle âmes émiettées de marmottes transparences albinos presbytes je n'exhiberai pas l'image microscopique de vos péchés Aigrement je ne vous traduirai pas en scolastique je ne vous appellerai pas sur la pierre dure sur la pierre blême savante de mon jugement trop désuète anachronique interrogation et vous étiez ténus dans un âge mal grandi Vous étiez à l'école des donnats sur l'aile nébuleuse des encens aux cellules des ignorances velues et des chasseurs pleins de caillots vous marmottiez l'épellation des psaumes encore verts et les pauvres d'alphabets craignaient en vous les sorciers lecteurs de grimoires Si vous surviviez à l'audition des harmonies et aux mimiques séductrices de Satan - ô laudes à votre candeur d'immunité ! - c'est que vous aviez chaque soir à chaque crépuscule l'hôte dans votre grotte et quels colloques le soir avec le Maître et la visite de la cour des Anges Mais nous savions les nuits fermées comme des fosses au fonds des précipices de fange seuls dans le cercueil dressé des falaises des étroites falaises de bitume et l'appareil charnu surgissait au départ de l'hôte les trombonnantes somptuosités de l'Enfer avec l'infaillible prédominance du rut qui qualifiait toutes les choses insanes chaque nuit que l'hôte s'éloignait des marmottes divines. Aujourd'hui, je dis dans l'aujourd'hui dans nos saisons contemporaines le Saint est un Géant sur le chevalet des lois et dans les brodequins cloutés des taudis Sainte de Mentepolle et Saint Locuste vous avez mangé des lézards, sauvé des hameaux lavé la peau d'écaillés des lépreux c'était vos siècles sur la terre des âges où il suffisait d'être blanc et pur Sainte Madeleine, sein de refus autant que le marbre cocon de poils, barrière à la griffe d'églantier cheveux tressés aux nattes de feuilles mortes jambes, longues racines pâles d'iris aquatique Saint Logogure de Locuste homme de gris et de poussière porte sans emphase un nom de lunelle d'or et dans ses guenilles chantent cigales et sauterelles pou du désert et roi du rien dans l'abnégation Tournez vos faces ahuries vers moi il n'y aura ni surprise ni mépris je sais que vous étiez crucifiés devant un albume troué d'alvéoles insondables un abîme, masque de votre vérité d'acier masque qui lançait des déluges et des cataclysmes d'interdictions Je sais que l'abîme est un cratère dur, impénétrable, refermé comme un caillou comme le néant quand je le nomme l'abîme c'est à cela que vous aviez donné un nom ô Locuste, ô Madeleine marmottes de cristal et votre adoration Mais aujourd'hui il ne suffit plus d'être blanc et pur l'abîme a perdu ce nom substitué l'abîme est comblé, tout bâti et gonflé pulpe serrée, tout bâti comme une ville tropicale d'abondance de blanc et d'or sous le soleil travail des Géants dans le cube et l'esprit ailé d'azur ils défrichent des continents tracent des pistes aux loisirs de la Joie Vois leurs cités dévoilées, leurs tours où se métamorphosent la vue, l'ouïe, l'odorat voyez ces sommets, petite souris Madeleine et maigre Locuste au nom de sequin d'or Les Géants se retournent vers les hommes et contemplent l'immigration de ceux qui approchent comme je vois et regarde vos faces innocentes pures marmottes éperdues aux portes de la cité nouvelle De leurs tours des sommets sous les nuées où fut l'abîme les Géants entendent et voient en troupes de chants heureux les pas de l'ascension de l'Homme |
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Jean de Bosschère (1878 - 1953) |
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Portrait de Jean de Bosschère | |||||||||
BiographieAu début de 1915, Boschère quitte la Belgique occupée pour Londres, où il lie son sort à celui des Imagistes anglo-américains : The Closed Door (1917) et Job le Pauvre (1922), parus à Londres, obéissent aux préceptes de la nouvelle école, mais disent surtout la découverte de la révolte comme progrès spirituel. Après avoir voyagé en Italie, Boschère s'installe à Paris, où paraît, en 1927, Marthe et Chronologie jean de boschere1878 - Naissance à Uccle, près de Bruxelles, de Jean de Boschère. 1884-1894 - La famille s'installe à Lierre dans la Campinc, époque de laquelle Boschère tirera l'un de ses grands romans : Marthe et l'Enragé. 1894 - Installation à Anvers et entrée à l'Académie des beaux-arts, en 1898. 1900-1905 - Premiers voyages à Paris. 1905-1909 - Publication d'une série d'ouvrages s Boschere vu par...« C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Jean de Boschère m'a fait. Je veux dire qu'il m'a montré combien lui et moi nous nous ressemblions et nous étions proches, et cette preuve au moment où je suis m'es Bibliographie des oeuvres poÉtiquesBéâle-Gryne, L'Occident, 1909. Traduction en russe par M. Vezélov-sky, éditions Lazare Stoliar, Moscou, 1914. The Closed Door, édition bilingue avec traduction anglaise par F.S. Flint, préface de May Sinclair, John I.ane. I.ondres, 1917. |
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