Jean de Bosschère |
Laisse des corolles toutes les mains apaiser ton cour de doigts parfumés délivre les pivoines de ta gorge et sacrifie les chardons secs de ton âme. Puis ce sera pourpre et tout d'iris comme aux âges où dort le serpent sur la voûte blanche de la poitrine sous l'ombre des fougères métalliques Entre sans honte parmi ces duvets embaumés, avènement sur cette buée du jardin bleu matinal faite de rosée et de la vapeur grave du café, cocon à l'aurore des tressaillements d'homme ! Mon Dieu ne m'abandonne pas encore aux parfums des foins coupés au soleil. Pourtant, ah ! pourtant, fenouils, thyms et menthes ! laisse un instant dévier tes puissances tendues. Que je m'arrache un instant. Et si je perds la trace gagnée, je reprendrai la charge céleste aux mains des temps où l'on croyait. Où couvait alors cette foi que la nature d'arbres d'hommes, de fruits, de bêtes de brebis albines, d'abeilles, Que la couleuvre arabesque persane les soies pérégrinantes de la Vierge, que le frémissant hasardeux paysage étaient le visage acquiesçant de Dieu. Je reviendrai certes, je serai revenu, si je puis vaincre ces moutonnements d'extases soutirer mes pieds des lianes ironiques fleurs sortir en soc triomphal de ce trèfle odorant. Je me chargerai alors d'épreuves rajeunies dépasserai une nouvelle fois les masques des pontifes, des larves, des dieux, des carabes, la vaste plaine multicolore de l'univers. Je fuirai le panier des fleurs à gazelles où j'ai aventuré mes jambes oubliées, dans l'aube d'aujourd'hui et buée, parfum du foin, confusion du cour et de la gorge Et vague sur vague, épiaire après sauge, me penchent sur la prairie revenue vieille vision, la terre sourit d'amphibies bouches d'holocaustes et de toutes les larmes de ses victimes offertes. Et si tu viens vêtu de ta vraie forme, je verrai une fille vipère tireuse de sang, un corbeau sourd qui plonge son bec plombé sous l'arc de la clavicule gardienne. Si tu m'approches alors, ô Connu, sur ma vague de fleurs retrouvées, et que je sois sans crime terrestre, j'écraserai tes cent têtes louches, entre deux roches ferrugineuses. D'immenses cailloux je ferai des pétrins moulerai avec tes cervelles des pages divines ou te prouverai, énorme, ma rage. Mais peut-être ton sourire des aurores se mêlera aux parfums des foins en fleurs et t'ouvrira encore mon cour sans attendre l'heure des accusations, justes flammes. |
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Jean de Bosschère (1878 - 1953) |
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Portrait de Jean de Bosschère | |||||||||
BiographieAu début de 1915, Boschère quitte la Belgique occupée pour Londres, où il lie son sort à celui des Imagistes anglo-américains : The Closed Door (1917) et Job le Pauvre (1922), parus à Londres, obéissent aux préceptes de la nouvelle école, mais disent surtout la découverte de la révolte comme progrès spirituel. Après avoir voyagé en Italie, Boschère s'installe à Paris, où paraît, en 1927, Marthe et Chronologie jean de boschere1878 - Naissance à Uccle, près de Bruxelles, de Jean de Boschère. 1884-1894 - La famille s'installe à Lierre dans la Campinc, époque de laquelle Boschère tirera l'un de ses grands romans : Marthe et l'Enragé. 1894 - Installation à Anvers et entrée à l'Académie des beaux-arts, en 1898. 1900-1905 - Premiers voyages à Paris. 1905-1909 - Publication d'une série d'ouvrages s Boschere vu par...« C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Jean de Boschère m'a fait. Je veux dire qu'il m'a montré combien lui et moi nous nous ressemblions et nous étions proches, et cette preuve au moment où je suis m'es Bibliographie des oeuvres poÉtiquesBéâle-Gryne, L'Occident, 1909. Traduction en russe par M. Vezélov-sky, éditions Lazare Stoliar, Moscou, 1914. The Closed Door, édition bilingue avec traduction anglaise par F.S. Flint, préface de May Sinclair, John I.ane. I.ondres, 1917. |
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