Jean de Bosschère |
Et, ultime bond, de mille étoiles polaires l'abnégation s'abandonne à l'ordre, comme l'homme, la pensée à la vitre, s'offre, c'est la myriade en fleur du sophora qui éclate Elle est dure, et sait comment surgir en chiffres et géométries éternelles. Avec un son de gorge sur clef basse, sévère, qui grimace et replie les sourcils pour prendre la gamme de sincérité, au sommet des phalanges de l'arbre se tend le pâturage aux visages célestes, la pampa blanche d'étoiles frémissantes, seules en présence des marées du nuage qui joignent purement les ailes attendant d'ailleurs le flot des sanctions. Au sommet du tronc de foudre pétrifiée sur l'explosion des paillettes de l'arbre, les fleurs, comme des mains enfiévrées auscultent le ciel austère qui se refuse, et d'autres corolles, phalènes identiques, nerveusement osent affirmer, et postulent en face du ciel de vêpres mortes, derniers témoignages des terres aux assises des nuées où se tendent l'interdiction d'or et la pourpre qui clôt l'empire du jour. Les migrations de fleurs se précipitent, triomphant dans l'obéissance sacrée. Et ferventes prétresses d'un orgueil qui s'ignore, s'élancent des cornues d'étoiles et des pyxides aux parfums et toutes, prises au filet sagace, arrêtent leur folle ascension devant la vitre dressée du destin. Epanouies comme des paupières d'ivoire haletant, comblées de dévotion et de l'ardeur d'accomplir leur destin elles s'épaulent, foule drue accourue, territoires d'étoiles, ivres de zèle et tendrement folles d'être la réponse suave et ardente aux décrets magnanimes du divin. La plénitude exaltée de leur vocation, est dans l'ignorance des fins de leur chair. Elles brûlent entre la terre et le ciel comme mille collines d'abeilles de lait. Coupole voûtée, or vieux du sophora, devant la vitre mystique, portique des deux, servantes du Dieu qu'elles ignorent, elles, dernières étoiles de la terre, sollicitent les marges rouges du ciel que ferme la nuit. Or, aux genoux du poète qui contemple, un séquoia pénètre le nuage descendu et ses racines sont les caves des termites, et la chauve-souris, empruntant au nuage, tend des fils noirs entre les astres. Nohant, 1938 |
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Jean de Bosschère (1878 - 1953) |
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Portrait de Jean de Bosschère | |||||||||
BiographieAu début de 1915, Boschère quitte la Belgique occupée pour Londres, où il lie son sort à celui des Imagistes anglo-américains : The Closed Door (1917) et Job le Pauvre (1922), parus à Londres, obéissent aux préceptes de la nouvelle école, mais disent surtout la découverte de la révolte comme progrès spirituel. Après avoir voyagé en Italie, Boschère s'installe à Paris, où paraît, en 1927, Marthe et Chronologie jean de boschere1878 - Naissance à Uccle, près de Bruxelles, de Jean de Boschère. 1884-1894 - La famille s'installe à Lierre dans la Campinc, époque de laquelle Boschère tirera l'un de ses grands romans : Marthe et l'Enragé. 1894 - Installation à Anvers et entrée à l'Académie des beaux-arts, en 1898. 1900-1905 - Premiers voyages à Paris. 1905-1909 - Publication d'une série d'ouvrages s Boschere vu par...« C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Jean de Boschère m'a fait. Je veux dire qu'il m'a montré combien lui et moi nous nous ressemblions et nous étions proches, et cette preuve au moment où je suis m'es Bibliographie des oeuvres poÉtiquesBéâle-Gryne, L'Occident, 1909. Traduction en russe par M. Vezélov-sky, éditions Lazare Stoliar, Moscou, 1914. The Closed Door, édition bilingue avec traduction anglaise par F.S. Flint, préface de May Sinclair, John I.ane. I.ondres, 1917. |
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