Jean de Bosschère |
Essence aveugle sourde muette Pensée qui prend lieu dans ma substance - dont l'existence est dans le vaisseau bâti de la persévérance à travers les époques de la terre comprises dans l'éternel - que j'accueille dans mes bras et dans l'esprit qui en moi féconde l'entente - pour qui dès l'âge où nous étions baves mêlées à l'océan j'ai maintenu ouvertes les portes afin que nulle portion du havre jamais ne lui fût interdite - qui ignore les temples cabanons d'argile terrestre les coquilles à cénobites et les commis aux confessions les savants aux fétiches et totems et aux signes immobiles les manchots, bigles pieds-bots des chapelles borgnes - dont je suis à travers les cycles ordonnés dans l'éternité dont je suis la nourrice la nourrice qui la nourrit de son lait le gardien sans armes le chanteur orgueilleux - dont l'Homme splendide enchaîné dans les sectes à pennons et les dimensions éphémères dont l'Homme croissant malgré les proscriptions dont l'Homme resplendissant malgré les clans et les patries les mensonges et les familles dont l'Homme resplendissant utilise chaque saison des âges quelques gorgées de plus de sa puissance efficace et lui cède chaque saison des âges quelques acres de plus de son immensité originelle - dont on a voulu souiller la vertigineuse aristocratie et l'existence suprême dans le choix et l'exigence dans la stratification des valeurs - qui n'est pas ici si je l'oublie dont la tragédie serait mon oubli et qui ne me voit pas et pourtant je me veux nourrir de ce qui ne me voit pas - ce que j'élève comme un enfant antique suspendu dans l'insensible sur l'abîme de nos abandons et de nos désordres C'est l'Amour qui conduit le déblaiement pour sa croissance au prix de l'obscure et solitaire chair humaine - qui termine l'effroyable polarisation de l'esprit dans les temps de terres et de controverses - qui termine par la chasteté ou le suicide l'effroyable stagnation dans les impasses des fantômes Son Orgueil l'Honneur qu'il est n'est pas plus contenant tout les deux et les abîmes pensés les gloires et les épopées n'est pas plus enveloppant saturant et imprégnant que le mien sûr et forcené que mon Amour orgueilleux Et là-bas, dans les terres on arracha l'orgueil à l'Homme à l'Homme qui naissait resplendissant qui naissait à l'honneur et même la pauvreté et l'espoir furent niés à leur source par un dam Et si tu veux être tout orgueil ineffable secret et sans gage ni vanité mercenaire et si tu refuses d'être un spectacle moral ou louange édifiante si je vois les confusions opportunes la veule admission des faits je dresse l'orgueil contre les consentements charitables de la raison aux rotations éternelles de la chair et de la peur Et puis face à face quand l'Amour atteint au zénith l'Homme est Splendeur Nous sommes l'enfant éternel de notre Amour nourri de l'Essence intelligente dans l'Homme resplendissant Juillet 1946 |
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Jean de Bosschère (1878 - 1953) |
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Portrait de Jean de Bosschère | |||||||||
BiographieAu début de 1915, Boschère quitte la Belgique occupée pour Londres, où il lie son sort à celui des Imagistes anglo-américains : The Closed Door (1917) et Job le Pauvre (1922), parus à Londres, obéissent aux préceptes de la nouvelle école, mais disent surtout la découverte de la révolte comme progrès spirituel. Après avoir voyagé en Italie, Boschère s'installe à Paris, où paraît, en 1927, Marthe et Chronologie jean de boschere1878 - Naissance à Uccle, près de Bruxelles, de Jean de Boschère. 1884-1894 - La famille s'installe à Lierre dans la Campinc, époque de laquelle Boschère tirera l'un de ses grands romans : Marthe et l'Enragé. 1894 - Installation à Anvers et entrée à l'Académie des beaux-arts, en 1898. 1900-1905 - Premiers voyages à Paris. 1905-1909 - Publication d'une série d'ouvrages s Boschere vu par...« C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Jean de Boschère m'a fait. Je veux dire qu'il m'a montré combien lui et moi nous nous ressemblions et nous étions proches, et cette preuve au moment où je suis m'es Bibliographie des oeuvres poÉtiquesBéâle-Gryne, L'Occident, 1909. Traduction en russe par M. Vezélov-sky, éditions Lazare Stoliar, Moscou, 1914. The Closed Door, édition bilingue avec traduction anglaise par F.S. Flint, préface de May Sinclair, John I.ane. I.ondres, 1917. |
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