Jean de Bosschère |
Le jour avait été tel et la lumière celle que l'on sait tous les phares étaient occupés justement, et dans l'intégrité cruelle : l'un avait roucoulé sur le matin que tissaient les hirondelles vers midi le cavalier noir revenu, déchira le jour, et la nuit de tous ses bras reprit le ciel, et le soleil fut mangé par la lune : c'était l'ordre d'une vraie nuit à chouettes, mais les étoiles ne lisaient pas leur rôle. C'est pourquoi, dans le minuit légitime, qui sur une échasse se tient entre le jour et le jour, le soleil reprit sa course entravée à midi. Cela, oui, cela je sus pourquoi ce soleil, ce soleil d'ardente brûlure qui venait monstrueusement tanner mes insomnies, pourquoi ce soleil inlassable dans maintes années illuminait un jour qui était la nuit car il fallait me montrer toutes mes comètes noires éclairer par le bas mes souvenirs de sang traverser les linceuls huilés de larmes dévoiler avec son feu d'or lourd, les routes désertes de mes chutes, fixer pour humilier l'homme la trace des paraboles infinies de mes souffrances de maudit. Et que l'on vît les poings grotesques de la légalité, de la science et de la morale porter vers moi leurs torchons sales et le fiel rouge qu'ils vomissent. Sous ce feu de minuit un homme rêve, une femme hurle c'est le sommeil de la terre, sous ce feu de la terre le poing des normes enfonce le torchon dans mes côtes, et le poing est une tête qui crache le rire de leur ennui Je connais la tête pour avoir connu les hommes. Mais le torchon lime avec ses plis le vase épuisé de mon âme, il vire, racle mon cour, en soutire l'ultime mal qui tue. Et quand le drap cassé durement est imbibé de ma douleur je l'arrache et l'étalé sous la nuit ensoleillée. Je vois : on ne peut t'aimer, dit le torchon rouge qui brille ainsi, en vérité. Juillet 1936 |
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Jean de Bosschère (1878 - 1953) |
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Portrait de Jean de Bosschère | |||||||||
BiographieAu début de 1915, Boschère quitte la Belgique occupée pour Londres, où il lie son sort à celui des Imagistes anglo-américains : The Closed Door (1917) et Job le Pauvre (1922), parus à Londres, obéissent aux préceptes de la nouvelle école, mais disent surtout la découverte de la révolte comme progrès spirituel. Après avoir voyagé en Italie, Boschère s'installe à Paris, où paraît, en 1927, Marthe et Chronologie jean de boschere1878 - Naissance à Uccle, près de Bruxelles, de Jean de Boschère. 1884-1894 - La famille s'installe à Lierre dans la Campinc, époque de laquelle Boschère tirera l'un de ses grands romans : Marthe et l'Enragé. 1894 - Installation à Anvers et entrée à l'Académie des beaux-arts, en 1898. 1900-1905 - Premiers voyages à Paris. 1905-1909 - Publication d'une série d'ouvrages s Boschere vu par...« C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Jean de Boschère m'a fait. Je veux dire qu'il m'a montré combien lui et moi nous nous ressemblions et nous étions proches, et cette preuve au moment où je suis m'es Bibliographie des oeuvres poÉtiquesBéâle-Gryne, L'Occident, 1909. Traduction en russe par M. Vezélov-sky, éditions Lazare Stoliar, Moscou, 1914. The Closed Door, édition bilingue avec traduction anglaise par F.S. Flint, préface de May Sinclair, John I.ane. I.ondres, 1917. |
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