Jean de La Fontaine |
« Mon Amour n'a donc pu te faire aimer la vie ! Tu me quittes, cruel! Au moins ouvre les yeux. Montre-toi plus sensible à mes tristes adieux ; Vois de quelles douleurs ton amante est atteinte ! Hélas! j'ai beau crier: il est sourd à ma plainte. Une étemelle nuit l'oblige à me quitter, Mes pleurs ni mes soupirs ne peuvent l'arrêter. Encor si je pouvais le suivre en ces lieux sombres ! Que ne m'est-il permis d'errer parmi les ombres! Destins, si vous vouliez le voir si tôt périr, Fallait-il m'obliger à ne jamais mourir? Malheureuse Vénus, que te servent ces larmes? Vante-toi maintenant du pouvoir de tes charmes : Ils n'ont pu du trépas exempter tes amours; Tu vois qu'ils n'ont pu même en prolonger les jours. Je ne demandais pas que la Parque cruelle Prît à filer leur trame une peine éternelle ; Bien loin que mon pouvoir l'empêchât de finir, Je demande un moment, et ne puis l'obtenir. Noires divinités du ténébreux empire, Dont le pouvoir s'étend sur tout ce qui respire. Rois des peuples légers, souffrez que mon amant De son triste départ me console un moment. Vous ne le perdrez point : le trésor que je pleure Ornera tôt ou tard votre sombre demeure. Quoi! vous me refusez un présent si léger? Cruels, souvenez-vous qu'Amour m'en peut venger. Et vous, antres cachés, favorables retraites, Où nos cours ont goûté des douceurs si secrètes, Grottes, qui tant de fois avez vu mon amant Me raconter des yeux son fidèle tourment, Lieux amis du repos, demeures solitaires, Qui d'un trésor si rare étiez dépositaires. Déserts, rendez-le-moi : deviez-vous avec lui Nourrir chez vous le monstre auteur de mon ennui ? Vous ne répondez point. Adieu donc, ô belle âme; Emporte chez les morts ce baiser tout de flamme : Je ne te verrai plus; adieu, cher Adonis!» Ainsi Vénus cessa. Les roches, à ses cris. Quittant leur dureté, répandirent des larmes: Zéphyre en soupira; le jour voilà ses charmes; D'un pas précipité sous les eaux il s'enfuit. Et laissa dans ces lieux une profonde nuit. Vous ne le perdrez point : le trésor que je pleure Ornera tôt ou tard votre sombre demeure. Quoi! vous me refusez un présent si léger? Cruels, souvenez-vous qu'Amour m'en peut venger. Et vous, antres cachés, favorables retraites, Où nos cours ont goûté des douceurs si secrètes, Grottes, qui tant de fois avez vu mon amant Me raconter des yeux son fidèle tourment, Lieux amis du repos, demeures solitaires, Qui d'un trésor si rare étiez dépositaires. Déserts, rendez-le-moi : deviez-vous avec lui Nourrir chez vous le monstre auteur de mon ennui ? Vous ne répondez point. Adieu donc, ô belle âme; Emporte chez les morts ce baiser tout de flamme : Je ne te verrai plus; adieu, cher Adonis!» Ainsi Vénus cessa. Les roches, à ses cris. Quittant leur dureté, répandirent des larmes: Zéphyre en soupira; le jour voilà ses charmes; D'un pas précipité sous les eaux il s'enfuit. Et laissa dans ces lieux une profonde nuit. |
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Jean de La Fontaine (1621 - 1695) |
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Portrait de Jean de La Fontaine | |||||||||
Bibliographie8 juillet 1621. Naissance et baptême de Jean de La Fontaine. (Paroisse de Château-Thierry.) Son père est Charles de La Fontaine, conseiller du roi et maître des eaux et forêts, fils de bourgeois champenois. Sa mère est Françoise Pidoux de bonne maison poitevine, veuve remariée. Biographie / OuvresJean de La Fontaine passe ses premières années à Château-Thierry dans l'hôtel particulier que ses parents, Charles de La Fontaine, Maître des Eaux et Forêts et Capitaine des Chasses du duché de Château-Thierry, et Françoise Pidoux, fille du bailli de Coulommiers, ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676. Classée monument historique en 1886, la demeu |
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