Jean de La Fontaine |
Les Fables de La Fontaine ont eu, en leur temps, le succès le plus vif. Voilà qui peut surprendre. Le xvne siècle est, en tous domaines, le siècle de l'unité, et elles sont le chef-d'ouvre de la diversité. Elles ne se plient à aucune des règles de la poétique classique. Aussi, lorsque les contemporains les jugent au nom de la doctrine, peu s'en faut qu'ils ne les condamnent. D'instinct Mme de Sé-vigné trouve les Fables « divines »; mais, lorsqu'elle s'applique à raisonner, elle croit leur faire honneur en les mettant au niveau des ballets de Benserade. En fait, les honnêtes gens, au fond d'eux-mêmes, se soucient peu des principes. Comme Molière le leur conseille, ils se laissent « aller de bonne foi aux choses qui les prennent par les entrailles. » C'est dire qu'ils jugent de la beauté d'une ouvre non selon les règles, mais avec leur goût. Et c'est aux exigences les plus fines de ce goût que répond La Fontaine. Le siècle suivant prisera aussi les Fables, mais comme des productions d'un genre mineur. Elles commencent d'ailleurs à être récitées dans les classes; et les régents, au lieu d'en faire goûier la variété, en faussent le caractère en prétendant y retrouver une docile application des préceptes classiques. Rousseau ne veut pas les faire lire à Emile : en quoi il est conséquent, puisqu'il entend préserver son élève de toute influence sociale et que les Fables enferment en elles l'expérience des siècles. Il n'en reste pas moins que nul en son temps n'a mieux saisi que lui la poésie de la Fontaine. Il commente Le Corbeau et le Renard ; Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. « Ce vers esi admirable, écrit-il. L'harmonie seule en fait image. » Pour la première fois peut-être les Fables sont entendues et comprises par une oreille musicienne. Non moins pénétrant est Chamfort dans son Eloge de La Fontaine (1774). Il admire dans le style des Fables « l'harmonie des couleurs les plus opposées ». Chateaubriand écrira : « A Château-Thierry j'ai retrouvé mon dieu, La Fontaine. » Il cite de mémoire ses vers les moins connus. Lamartine, au contraire, dans la préface qu'il ajoute en 1849 à ses premières Méditations, charge La Fontaine d'innombrables péchés. Il déclare détester en lui à la lois l'homme et le poète; mais il est manifeste qu'il les ignore tous les deux. La Fontaine et Lamartine incarnent deux idées de la poésie opposées l'une à l'autre. Hugo admire en connaisseur la versification des Fables. Banville met La Fontaine au-dessus de tous les poètes français. Valéry, Gide et Giraudoux parlent de lui avec une tendre délicatesse. De nos jours, la poésie, cruelle, impérieuse, se flatte de heurter ou d'éblouir. Celle de La Fontaine, discrète, insinuante, sollicite du lecteur une complicité amicale. A ceux que lasserait la violence, elle offre un refuge de sagesse et de beauté. |
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Jean de La Fontaine (1621 - 1695) |
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Portrait de Jean de La Fontaine | |||||||||
Bibliographie8 juillet 1621. Naissance et baptême de Jean de La Fontaine. (Paroisse de Château-Thierry.) Son père est Charles de La Fontaine, conseiller du roi et maître des eaux et forêts, fils de bourgeois champenois. Sa mère est Françoise Pidoux de bonne maison poitevine, veuve remariée. Biographie / OuvresJean de La Fontaine passe ses premières années à Château-Thierry dans l'hôtel particulier que ses parents, Charles de La Fontaine, Maître des Eaux et Forêts et Capitaine des Chasses du duché de Château-Thierry, et Françoise Pidoux, fille du bailli de Coulommiers, ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676. Classée monument historique en 1886, la demeu |
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