Jean Tardieu |
(Pourquoi sinon) Pourquoi sinon pourquoi chercher sinon dans le vol indécis des nuages non pas la métaphore seule ou l'enfantin symbole mais le sens même et le non-sens et que faut-il craindre en vivant sinon la foudre affreusement imitée par la guerre et par le conflit incessant des choses et que faut-il enfin révérer sinon la récompense indue de voir d'entendre de toucher à profusion le jour et l'ombre ou le plaisir d'être debout et de fouler le sol du sable à l'herbe et de la feuille au pavement et si parfois nous vient la faiblesse mortelle d'imaginer des personnes immenses d'abord à notre image façonnées puis s'effaçant dans l'improbable alors c'est nous c'est nous-mêmes orgueil et délire c'est nous c'est nos propres reflets qu'il nous faut dérisoire prière invoquer car rien n'est plus sacré que noire énigme pas à pas et marche après marche obstinée à gravir les degrés de ce temple en mouvement qui n'est autre que l'aurore à I absolu calcul obéissante et la nuit à nos yeux de voyants aveugles révélée hors des saisons de notre vie et bien au-delà des tourbillons du système des mondes et plus loin confondant tout l'effort de notre esprit et tous les termes du langage et la mesure et la limite par la vitesse à tous les vents de l'espace jetés pour que règne le temps révolu et que la conscience à son retour dans 1 être sans figure s'accoutume puisque notre faiblesse démente est pareille au passage des jours pareille aux troupeaux affolés par l'orage pareille à la parole trébuchante et renversée et que dirai-je encore de plus sinon pourquoi ? |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jean Tardieu (1903 - 1995) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jean Tardieu | |||||||||
Biographie / OuvresNé en 1903 à Samt-Gerrnain-de-Joux (Jura), d'un père peintre (Victor Tardieu. 1870-1937) et dune mère musicienne. Étude.a Paris : Ivcée Condorcet. puis Sorbonne. Suit, dès 1923. les > Entretiens d'été » de Pontigny, où ses premiers écrits poétiques sont remarqués par Paul Desjardins, André Gide, Roger Martin du Gard. Premiers poèmes publiés par Jean Paulhan. en 1927. dans La Nouvelle Revue |
|||||||||