Jean Tardieu |
Comme ceci - pâle inquiet flou insensible (la nuit la brume ou mon humeur le temps les choses) Comme cela - parce que oui parce que non le matin l'heure (détruit déchiré divisé réuni composé renaissant) Si cela va si cela vient chaleur mémoire Est-ce la source ? Quel effort vers l'origine ? (lumière éteinte ombres passages nuage orage fraîchissant vie en une autre milliards de morts dans l'herbe et Peau) Lourdeur du jour L'averse absente en vapeur retombée flamme fontaine soupir sillage (Prends pour te perdre prends pour oubli la blanche poussière) Voici voilà pour toi pour nul pour ce soir hier et toujours les chemins ravinés les terrains sillonnés nos artères nos sonccs nos mesures démentes. Oui mais encore mais non jamais le sang le lait le vin la roue ma transparence (sans fin et sans repos le battement infatigable) Roc noire illusion refuges calculs notre perte le poids l'opacité le repos Mais sur le tombeau même revient la fluide vapeur ronger dissoudre et disperser la pierre. Déchiré déchirant uni désuni par la cendre la vague repartie et revenue rassemble disperse rassemble disperse s'irrite s'apaise s'irrite éparpille abolit (l'écume édifie et ruine la mer en grondant nous ressemble) Les veux ouverts sur l'obscur aveugle mort aveugle vie tant de tonnerre enveloppé dans ce silence, tant de terreur dans ce paisible espace. J'ai salué cette pesante et triomphante fureur de la fumée par la mortelle patience. L'heure tourne Je veille je dors je trace l'ombre de la branche sur le mur pour oublier la branche puis l'ombre aussi je l'efface peu à peu Ainsi la nuit ainsi le jour. * Ombre qui trembles selon la saison entre ta fuite et ton retour moi-même en toi je passe et perds mon image avant de me recomposer Pareils tous deux, d'abord debout puis par le soir étendus allongés lentement effacés nous voici pour être et pour disparaître visibles amis de la vie à la mort mariés en secret. Est-ce l'heure ? Aujourd'hui ? Demain ? Jamais ? Attendez ! Attendez-nous, fidèle espace, nous reviendrons dans ce peu de temps mais sans limite. Les couleurs les contours s'atténuent Tout se montre transparent révélé comme ceci - présents animés attachés menacés comme cela - dispersés oubliés invisibles naissants la nuit et la mer nous ressemblent nous rassemblent je reviendrai N'oubliez pas. choses légères ! On roule à grand bruit des meubles dans la chambre déserte la maison en ruines ma table ma chaise mon lit mes livres C'est l'orage et la pluie que ma bouche profère Je ne suis même pas là pour m'entendre pourtant je vois à travers les rideaux déchirés ce que j'aime tomber en poudre s'éloigner un instant puis remonter à l'envers de 1 vie comme si tout devait êlre sans relâche gagné perdu mille fois regagné reperdu à la fin sacré par l'abîme : C'est de le savoir qui nous sauve (et pour que fout s'apaise le crissement obligé des cigales renaît des cendres du jour Ce qui siffle sous la porte sort des brumes balayées le temps d'une éclaircie entre deux sommeils). |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jean Tardieu (1903 - 1995) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jean Tardieu | |||||||||
Biographie / OuvresNé en 1903 à Samt-Gerrnain-de-Joux (Jura), d'un père peintre (Victor Tardieu. 1870-1937) et dune mère musicienne. Étude.a Paris : Ivcée Condorcet. puis Sorbonne. Suit, dès 1923. les > Entretiens d'été » de Pontigny, où ses premiers écrits poétiques sont remarqués par Paul Desjardins, André Gide, Roger Martin du Gard. Premiers poèmes publiés par Jean Paulhan. en 1927. dans La Nouvelle Revue |
|||||||||