Jean-Philippe Salabreuil |
Et maintenant mon vieux Tu as fermé les yeux Devant la nuit qui file Au bord de ton jardin Comme lumignon bleu Sous un boisseau d'air creux Et du soir au matin Tu pries tu es tranquille Dieu ne t'entendra pas C'est tant mieux n'est-ce pas Puisque de tes paroles Toi-même tu l'as dit Pas une qui soit belle Et bjille au paradis ? L'année commence mal Souviens-toi du cheval Qui parlait dans le ciel Pas plus ancien qu'hier C'était la Saint-Sylvestre Il est mort" mon vieux oui Quand toutes les fenêtres Claquèrent devant lui Encore un de parti Qu'on ne reverra plus C'est dur de vivre ici Quand les morts n'y sont plus Pourtant la nuit est grande Parfois je me demande Si nous tous qui restons A poser des questions Sur le bord du pays Plein d'ombres sans habits Qui voyagent beaucoup S'en vont toujours transies Je me demande si Nous tous à deux genoux Sur les marches du temps Vivants pas mal vivants Nous n'y entrerons pas Tels quels en toile grise Notre habit d'apparat Bien lacé par-devant Avec les liens du sang Noué autour du cour Qui bat dans la vapeur Ce serait un beau sou-Tendu de velours noir Aux souffles de la terre Et de maigre lumière Comme celle que tard Diffusent dans l'oubli Les lampes d'un départ Posées devant la nuit J'ai connu les oiseaux Le cri des vives eaux Le suint du soleil Aux laines en sommeil Et blanches de midi Je ne regrette rien Je vois comme là-bas Luisent déjà les reins Des bêtes mettant bas L'hoir des prairies futures Ce sont coteaux fleuris Dans l'aube qui murmure Au long d'un fleuve frais Labourant à longs traits La gorge de poussière Des vallées des clairières Où carillonnent les Clochers verts aux saulaies Pourtant le paradis Croule dans l'homélie Je m'emporte je dis Des choses trop jolies Je ne suis au-dedans De toi que cette voix D'un autre que tu crois Près de toi dans le vent Mais je n'existe pas Sinon par cette foi De me vouloir vivant Qui brûle dans ton sang Comme flamme inutile Car vois-tu de nouveau Tu es seul et ne vaux Pas plus que le brin d'huile Des lampes qui s'en vont Mourir au plus profond Des chambres de la nuit Tu restes je m'enfuis Tu es au bord des larmes Tu veilles ton jardin Je m'éloigne j'atteins L'autre versant du calme Tu ne dors pas tu vois Comme la mort s'empresse Je m'en vais je te laisse Tu ne crois plus en moi. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jean-Philippe Salabreuil (1940 - 1970) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jean-Philippe Salabreuil | |||||||||
Biographie / chronologieJean-Pierre Steinbach est né le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine. Etudes au Lycée Jean-Baptiste Say (Baccalauréat en philosophie). Etudes et licence en droit. Prépare une thèse de doctorat sur « Les coutumes africaines ». Bibliographie / OuvresNé le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine, Jean-Pierre Steinbach - qui prit le pseudonyme de Jean-Philippe Salabreuil - meurt à Paris le 27 février 1970. Trois recueils de poèmes constituent son ouvre : La Liberté des feuilles (1964) - dont le titre est tiré d'un hémistiche emprunté à René-Guy Cadou - est remarqué par Jean Paulhan et obtient sur manuscrit, grâce à ce dernier, le prix Félix Fénéon en |
|||||||||