Jean-Philippe Salabreuil |
Dans une parabole difficile On tente bien parfois de s'expliquer Parmi des gens rouges et détraqués Qui roulent bleux leurs yeux comme barils Mais rien ne pourra faire qu'ils comprennent Une tendresse au monde entier la peine Le bonheur d'être seul à percevoir Les prières d'étoiles dans la pluie La détresse d'un arbre au bout du soir Le cri des animaux obscurs et puis Surtout ce Dieu qu'ils aiment son absence L'effrayant plus que nous quand il y pense Et c'est alors vraiment comme un enfant Qui se penche sur la vallée de brume Et ne retrouve plus son toit qui fume Ni les vergers tout autour ni le vent Sur les peupliers qu'en rêve il effeuille Encore à grands doigts roses comme au seuil Des larmes hier il fit en pleine enfance Et soucieux déjà d'éternité Mais au centre d'une campagne immense On entre dans un village d'été Il y a des paysans qui s'étonnent De vous voir là criant comme à l'automne La grive un peu saoule sur les coteaux Vous dites des choses si vraies si simples Vous désignez de si clairs animaux Vous allumez de si petites lampes Autour du monde obscurci dans ses murs Vous semblez si jeune avec votre amour Qui vous monte aux yeux comme une prairie Allons taisez-vous mon petit ami Nous ne savons pas de mots éternels Nous sommes vêtus d'herbes et de laines Nous vous aimons bien sans donner de sens A votre parole à votre silence Nous allons sans bruit vers le paradis Mais écoutez-moi puisque je vous dis Que mon cour est semblable à ces feuillages Si fragiles sur les torrents du ciel Et qu'une abeille pesante de miel Tourne dans la chaleur sous mon visage Il n'est plus rien en moi de ténébreux Que vous ne pressentiez au coin du feu Chaque nuit d'un hiver avec ses astres Taciturnes sur le gel infini Maintenant c'est l'été le soir s'encastre Entre les deux fraîcheurs de la forêt Je suis seul je me souviens tu pleurais Clara petite fille quand la lune Montait cruelle en ton miroir terni Tu es ce soir dans un autre village Avec des fontaines au chant nocturne Et je vais te rejoindre car j'ai l'âge D'aimer en dépit de la profondeur Stérile de ce monde où je surnage Nous sommes nés la même année je crois Un soir de douceur tu es venue toi Et moi dans la nuit moite d'un orage Là-bas la mer bougeait toujours beaucoup La mer est loin dans le temps et l'espace Aujourd'hui comment l'entendrions-nous Parmi le sang qui nous jaillit en face Avec les coquillages du bonheur Je m'apaise je vais te voir sans doute Plus belle qu'hier et je sais que l'amour Grandit chaque fille à la fin des jours Comme soleil à la croisée des routes. |
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Jean-Philippe Salabreuil (1940 - 1970) |
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Portrait de Jean-Philippe Salabreuil | |||||||||
Biographie / chronologieJean-Pierre Steinbach est né le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine. Etudes au Lycée Jean-Baptiste Say (Baccalauréat en philosophie). Etudes et licence en droit. Prépare une thèse de doctorat sur « Les coutumes africaines ». Bibliographie / OuvresNé le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine, Jean-Pierre Steinbach - qui prit le pseudonyme de Jean-Philippe Salabreuil - meurt à Paris le 27 février 1970. Trois recueils de poèmes constituent son ouvre : La Liberté des feuilles (1964) - dont le titre est tiré d'un hémistiche emprunté à René-Guy Cadou - est remarqué par Jean Paulhan et obtient sur manuscrit, grâce à ce dernier, le prix Félix Fénéon en |
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