Jean-Philippe Salabreuil |
Ce n'est pas chose très rare Le camion bleu du lait roule Dans la craie du ciel et moi Au fond d'une épicerie A murs de miel et carie Du sucre aux fanons de bois Jaune des chevrons derrière L'empoix solaire aux dentelles D'ombelles du carreau vert Simplement je le regarde Gravir la côte du temps Je l'écoute ébranler dans Le tunnel d'été à grandes Salves de cloches laitières La porte fraîche où les bardes D'acier de midi s'éclairent Déjà se rompent au tendre Souffle du jour et le crois Sentir en moi dévaler Au creux du pays sans croix De mon âme d'ombre et d'eau C'est Dieu qui s'en est allé Hier par l'autocar du Haut Plessis c'était lui ce grave Pèlerin sur la banquette De gazon déchiré dans Le coin arrière droit proche Autant qu'il est possible et Décent du grand jupon blanc Des vitres au vent sans tête Ni queue de la vitesse Ave Deus incognite poches Pleines d'épis de blé ! Aurais-je dû lui redire Et ne me donnerez-vous Pas quelque chose de vous Un doigt de sang un sourire Un tenon de pain brûlé Moi toujours si reculé Des routes du bonheur pauvre Et marchant à pied grand faim Grand soif en cette mauve Mortaise du cour sans fin ? Mais je ne peux rien faire autre Que lui remettre ma main Par-dessus les fleurs très hautes Et voici que l'autocar A fui prompt plus qu'on veut croire Il y a aussi l'auto Violette roulant tôt Dans le village et si vite Conduite par une fille A lèvres d'argent cuprite Et cheveux d'or en résille Clara pose alors ses doigts Sur mes yeux pour que je voie Lune jeune sang plutôt Qu'astre de précoce automne Je comprends je ne m'étonne Plus de rien je ris tantôt Et tantôt pleure d'amour C'est Clara comme le jour Comme la nuit qui revient Sur moi couché dans les pierres Comme un sanglot de lumière Dans la gorge du chemin. |
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Jean-Philippe Salabreuil (1940 - 1970) |
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Portrait de Jean-Philippe Salabreuil | |||||||||
Biographie / chronologieJean-Pierre Steinbach est né le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine. Etudes au Lycée Jean-Baptiste Say (Baccalauréat en philosophie). Etudes et licence en droit. Prépare une thèse de doctorat sur « Les coutumes africaines ». Bibliographie / OuvresNé le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine, Jean-Pierre Steinbach - qui prit le pseudonyme de Jean-Philippe Salabreuil - meurt à Paris le 27 février 1970. Trois recueils de poèmes constituent son ouvre : La Liberté des feuilles (1964) - dont le titre est tiré d'un hémistiche emprunté à René-Guy Cadou - est remarqué par Jean Paulhan et obtient sur manuscrit, grâce à ce dernier, le prix Félix Fénéon en |
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