Jean-Philippe Salabreuil |
Je suis en train d'oublier mon village Et je crois que mon village m'oublie Ce ne sont plus que de vieux souvenirs Comme vieilles légendes d'un vieil âge Et celui-là qui se pendit au ciel Parmi les seringas le cri des mondes Cette femme chantante son cheval Qui lui rua dessus pour mort profonde Cornemouille et Cruchot les beaux voyages Le vin noir sous la lune les chansons Tous les morts tous les morts maintenant sont Comme les mal vivants du paysage Et pourtant j'imagine qu'un chemin Perce encore la neige des étoiles Atteignant en plein cour l'air matinal Qui secoue ses cendres sur mon jardin Peut-être un peu plus tard dans le matin S'accroche-t-il à la corne de craie De la chapelle avec le ruban fin Du soleil rouge un grelot d'oiseaux clairs ? J'entends courir et crier les enfants Sous les longs nuages du temps figé Puis revenir et sous la lampe lente Ouvrir des pages d'étés imagés Mais là-bas la forêt demeure sombre Toujours existe et contient tant et tant De silence d'ombre d'oubli que l'an Sous sa menace se lève retombe O comme respire alors dans le jour Le vent bleu qui cherche aux branches les feuilles On dirait un grand hibou tout à court Du souffle dont s'embueront dans les arbres A la nuit les planètes avec l'oil Verdâtre de la bête au cour macabre Ô comme épie le gel ces vives eaux L'âme comme ces eaux tinte bientôt Et quand les coqs chantèrent je partis Et les vaches meuglaient dans les prairies Et les chiens jappaient lorsque je partis Quand pleurèrent les chevaux et les pies Fumées en moi montez vers mon sourire Depuis ces trente maisons tout en bas Que de là-haut je bénis et respire Comme un parfum de rose ou de lilas Mais qui encore évoque mon visage Et sur la vitre blanchement fleurie Soulève le velours des nuits sans âge Et de la terre au ciel froid me sourit ? |
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Jean-Philippe Salabreuil (1940 - 1970) |
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Portrait de Jean-Philippe Salabreuil | |||||||||
Biographie / chronologieJean-Pierre Steinbach est né le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine. Etudes au Lycée Jean-Baptiste Say (Baccalauréat en philosophie). Etudes et licence en droit. Prépare une thèse de doctorat sur « Les coutumes africaines ». Bibliographie / OuvresNé le 25 mai 1940 à Neuilly-sur-Seine, Jean-Pierre Steinbach - qui prit le pseudonyme de Jean-Philippe Salabreuil - meurt à Paris le 27 février 1970. Trois recueils de poèmes constituent son ouvre : La Liberté des feuilles (1964) - dont le titre est tiré d'un hémistiche emprunté à René-Guy Cadou - est remarqué par Jean Paulhan et obtient sur manuscrit, grâce à ce dernier, le prix Félix Fénéon en |
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