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Jean-Pierre Claris de Florian



L'aveugle et le paralytique - Fable


Fable / Poémes d'Jean-Pierre Claris de Florian





Aidons-nous mutuellement,



La charge des malheurs en sera plus légère ;



Le bien que l'on fait à son frère



Pour le mal que l'on souffre est un soulagement.



Confucius l'a dit ; suivons tous sa doctrine :



Pour la persuader aux peuples de la
Chine,



Il leur contait le trait suivant.



Dans une ville de l'Asie



Il existait deux malheureux,



L'un perclus, l'autre aveugle, et pauvres tous les deux.



Ils demandaient au ciel de terminer leur vie :



Mais leurs cris étaient superflus,



Ils ne pouvaient mourir.
Notre paralytique,



Couché sur un grabat dans la place publique,



Souffrait sans être plaint ; il en souffrait bien plus.



L'aveugle, à qui tout pouvait nuire,



Était sans guide, sans soutien,



Sans avoir même un pauvre chien



Pour l'aimer et pour le conduire.



Un certain jour il arriva



Que l'aveugle à tâtons, au détour d'une rue,



Près du malade se trouva ;



Il entendit ses cris, son âme en fut émue.



Il n'est tels que les malheureux



Pour se plaindre les uns les autres.



J'ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres :



Unissons-les, mon frère ; ils seront moins affreux.



Hélas !
Dit le perclus, vous ignorez, mon frère,



Que je ne puis faire un seul pas ;



Vous-même vous n'y voyez pas :



À quoi nous servirait d'unir notre misère ?



À quoi ?
Répond l'aveugle, écoutez : à nous deux



Nous possédons le bien à chacun nécessaire ;



J'ai des jambes, et vous des yeux.



Moi, je vais vous porter ; vous, vous serez mon guide :



Vos yeux dirigeront mes pas mal assurés,



Mes jambes à leur tour iront où vous voudrez :



Ainsi, sans que jamais notre amitié décide



Qui de nous deux remplit le plus utile emploi,



Je marcherai pour vous, vous y verrez pour moi.



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Jean-Pierre Claris de Florian
(1755 - 1794)
 
  Jean-Pierre Claris de Florian - Portrait  
 
Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian

Biographie / Ouvres

Jean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans.
Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes.
Banni de Paris pendant

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