Jean-Pierre Claris de Florian |
Un bouf, un baudet, un cheval, Se disputaient la préséance. Un baudet ! Direz-vous, tant d'orgueil lui sied mal. À qui l'orgueil sied-il ? Et qui de nous ne pense Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance, Élèvent au-dessus de nous ? Le bouf, d'un ton modeste et doux, Alléguait ses nombreux services, Sa force, sa docilité ; Le coursier sa valeur, ses nobles exercices ; Et l'âne son utilité. Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres : En voici venir trois, exposons-leur nos titres. Si deux sont d'un avis, le procès est jugé. Les trois hommes venus, notre bouf est chargé D'être le rapporteur ; il explique l'affaire, Et demande le jugement. Un des juges choisis, maquignon bas-normand, Crie aussitôt : la chose est claire, Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrère, Dit le second jugeur, c'était un gros meunier, L'âne doit marcher le premier ; Tout autre avis serait d'une injustice extrême. Oh que nenni, dit le troisième, Fermier de sa paroisse et riche laboureur ; Au bouf appartient cet honneur. Quoi ! Reprend le coursier écumant de colère ; Votre avis n'est dicté que par votre intérêt ! Eh mais ! Dit le normand, par qui donc, s'il vous plaît ? N'est-ce pas le code ordinaire ? |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jean-Pierre Claris de Florian (1755 - 1794) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian | |||||||||
Biographie / OuvresJean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans. Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes. Banni de Paris pendant |
|||||||||