Jean-Pierre Claris de Florian |
Un écureuil sautant, gambadant sur un chêne, Manqua sa branche, et vint, par un triste hasard, Tomber sur un vieux léopard Qui faisait sa méridienne. Vous jugez s'il eut peur ! En sursaut s'éveillant, L'animal irrité se dresse ; Et l'écureuil s'agenouillant Tremble et se fait petit aux pieds de son altesse. Après l'avoir considéré, Le léopard lui dit : je te donne la vie, Mais à condition que de toi je saurai Pourquoi cette gaîté, ce bonheur que j'envie, Embellissent tes jours, ne te quittent jamais, Tandis que moi, roi des forêts, Je suis si triste et je m'ennuie. Sire, lui répond l'écureuil, Je dois à votre bon accueil La vérité : mais, pour la dire, Sur cet arbre un peu haut je voudrais être assis. - Soit, j'y consens, monte. - j'y suis. À présent je peux vous instruire. Mon grand secret pour être heureux, C'est de vivre dans l'innocence ; L'ignorance du mal fait toute ma science ; Mon cour est toujours pur, cela rend bien joyeux. Vous ne connaissez pas la volupté suprême De dormir sans remords : vous mangez les chevreuils, Tandis que je partage à tous les écureuils Mes feuilles et mes fruits ; vous haïssez, et j'aime : Tout est dans ces deux mots. Soyez bien convaincu De cette vérité que je tiens de mon père : Lorsque notre bonheur nous vient de la vertu, La gaîté vient bientôt de notre caractère. |
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Jean-Pierre Claris de Florian (1755 - 1794) |
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Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian | |||||||||
Biographie / OuvresJean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans. Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes. Banni de Paris pendant |
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