Jean-Pierre Claris de Florian |
Un renard plein d'esprit, d'adresse, de prudence, À la cour d'un lion servait depuis longtemps. Les succès les plus éclatants Avoient prouvé son zèle et son intelligence. Pour peu qu'on l'employât, toute affaire allait bien. On le louait beaucoup, mais sans lui donner rien ; Et l'habile renard était dans l'indigence. Lassé de servir des ingrats, De réussir toujours sans en être plus gras, Il s'enfuit de la cour ; dans un bois solitaire Il s'en va trouver son grand-père, Vieux renard retiré, qui jadis fut vizir. Là, contant ses exploits, et puis les injustices, Les dégoûts qu'il eut à souffrir, Il demande pourquoi de si nombreux services N'ont jamais pu rien obtenir. Le bon homme renard, avec sa voix cassée, Lui dit : mon cher enfant, la semaine passée, Un blaireau mon cousin est mort dans ce terrier : C'est moi qui suis son héritier, J'ai conservé sa peau : mets-la dessus la tienne, Et retourne à la cour. Le renard avec peine Se soumit au conseil ; affublé de la peau De feu son cousin le blaireau, Il va se regarder dans l'eau d'une fontaine, Se trouve l'air d'un sot, tel qu'était le cousin. Tout honteux, de la cour il reprend le chemin. Mais, quelques mois après, dans un riche équipage, Entouré de valets, d'esclaves, de flatteurs, Comblé de dons et de faveurs, Il vient de sa fortune au vieillard faire hommage : Il était grand vizir. Je te l'avais bien dit, S'écrie alors le vieux grand-père : Mon ami, chez les grands quiconque voudra plaire Doit d'abord cacher son esprit. |
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Jean-Pierre Claris de Florian (1755 - 1794) |
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Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian | |||||||||
Biographie / OuvresJean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans. Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes. Banni de Paris pendant |
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