Jean-Pierre Claris de Florian |
Certain roi qui régnait sur les rives du Tage, Et que l'on surnomma le sage, Non parcequ'il était prudent, Mais parcequ'il était savant, Alphonse, fut surtout un habile astronome. Il connaissait le ciel bien mieux que son royaume, Et quittait souvent son conseil Pour la lune ou pour le soleil. Un soir qu'il retournait à son observatoire, Entouré de ses courtisans, Mes amis, disait-il, enfin j'ai lieu de croire Qu'avec mes nouveaux instruments Je verrai cette nuit des hommes dans la lune. Votre majesté les verra, Répondait-on ; la chose est même trop commune, Elle doit voir mieux que cela. Pendant tous ces discours, un pauvre, dans la rue, S'approche, en demandant humblement, chapeau bas, Quelques maravédis : le roi ne l'entend pas, Et, sans le regarder, son chemin continue. Le pauvre suit le roi, toujours tendant la main, Toujours renouvelant sa prière importune ; Mais, les yeux vers le ciel, le roi, pour tout refrain, Répétait : je verrai des hommes dans la lune. Enfin le pauvre le saisit Par son manteau royal, et gravement lui dit : Ce n'est pas de là haut, c'est des lieux où nous sommes Que Dieu vous a fait souverain. Regardez à vos pieds ; là vous verrez des hommes, Et des hommes manquant de pain. |
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Jean-Pierre Claris de Florian (1755 - 1794) |
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Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian | |||||||||
Biographie / OuvresJean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans. Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes. Banni de Paris pendant |
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