Jean-Pierre Claris de Florian |
Un homme riche, sot et vain, Qualités qui par fois marchent de compagnie, Croyait pour tous les arts avoir un goût divin, Et pensait que son or lui donnait du génie. Chaque jour à sa table on voyait réunis Peintres, sculpteurs, savants, artistes, beaux esprits, Qui lui prodiguaient les hommages, Lui montraient des dessins, lui lisaient des ouvrages, Écoutaient les conseils qu'il daignait leur donner, Et l'appelaient Mécène en mangeant son dîner. Se promenant un soir dans son parc solitaire, Suivi d'un jardinier, homme instruit et de sens, Il vit un sanglier qui labourait la terre, Comme ils font quelquefois pour aiguiser leurs dents. Autour du sanglier, les merles, les fauvettes, Surtout les rossignols, voltigeant, s'arrêtant, Répétaient à l'envi leurs douces chansonnettes, Et le suivaient toujours chantant. L'animal écoutait l'harmonieux ramage Avec la gravité d'un docte connaisseur, Baissait par fois la hure en signe de faveur, Ou bien, la secouant, refusait son suffrage. Qu'est-ce ci ? Dit le financier : Comment ! Les chantres du bocage Pour leur juge ont choisi cet animal sauvage ! Nenni, répond le jardinier ; De la terre par lui fraîchement labourée Sont sortis plusieurs vers, excellente curée Qui seule attire ces oiseaux : Ils ne se tiennent à sa suite Que pour manger ces vermisseaux ; Et l'imbécile croit que c'est pour son mérite. |
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Jean-Pierre Claris de Florian (1755 - 1794) |
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Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian | |||||||||
Biographie / OuvresJean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans. Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes. Banni de Paris pendant |
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