Jean-Pierre Claris de Florian |
Sur les bords africains, aux lieux inhabités Où le char du soleil roule en brûlant la terre, Deux énormes lions, de la soif tourmentés, Arrivèrent au pied d'un rocher solitaire. Un filet d'eau coulait, faible et dernier effort De quelque naïade expirante. Les deux lions courent d'abord Au bruit de cette eau murmurante. Ils pouvaient boire ensemble ; et la fraternité, Le besoin, leur donnaient ce conseil salutaire : Mais l'orgueil disait le contraire, Et l'orgueil fut seul écouté. Chacun veut boire seul : d'un oil plein de colère L'un l'autre ils vont se mesurant, Hérissent de leur cou l'ondoyante crinière ; De leur terrible queue ils se frappent les flancs, Et s'attaquent avec de tels rugissements, Qu'à ce bruit dans le fond de leur sombre tanière Les tigres d'alentour vont se cacher tremblants. Égaux en vigueur, en courage, Ce combat fut plus long qu'aucun de ces combats Qui d'Achille ou d'Hector signalèrent la rage, Car les dieux ne s'en mêlaient pas. Après une heure ou deux d'efforts et de morsures, Nos héros, fatigués, déchirés, haletants, S'arrêtèrent en même temps. Couverts de sang et de blessures, N'en pouvant plus, morts à demi, Se traînant sur le sable, à la source ils vont boire : Mais, pendant le combat, la source avait tari ; Ils expirent auprès. Vous lisez votre histoire, Malheureux insensés, dont les divisions, L'orgueil, les fureurs, la folie, Consument en douleurs le moment de la vie : Hommes, vous êtes ces lions ; Vos jours, c'est l'eau qui s'est tarie. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jean-Pierre Claris de Florian (1755 - 1794) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jean-Pierre Claris de Florian | |||||||||
Biographie / OuvresJean-Pierre Claris de Florian est né à Florian près de Sauve, dans les Cévennes, le 6 mars 1755, perd sa mère très jeune, probablement à l'âge de deux ans. Familier du château de Sceaux et protégé de Voltaire (son oncle). Lauréat de l'Académie, le 6 mars 1788, Florian atteignit le sommet de sa gloire en y entrant , remplaçant le cardinal de Luynes. Banni de Paris pendant |
|||||||||