Jules Supervielle |
Je sors de la sieste et j'entre en escale, Ouvert le hublot, lanterne magique, M'offrant des maisons basses, impudiques, Surprises à nu au ras de la cale Et qu'illustre haut dans le ciel à vif Le galbe de trois palmiers décisifs. Des hommes, des chiens, des huttes s'engendrent Et de vrais bambous qui font bouger l'air, Ma rcline happe un oiseau plus tendre De survoler l'herbe au sortir des mers. Et je vois, tanguer doux, le paysage, Entre les barreaux blancs du bastingage Comme un autre oiseau que berce en sa cage Le vent transparent. Le navire remonte et plisse L'eau que le rivage descend, Mon âme requise en tous sens S'écartèle avec délices. Roches et palmiers, une île enfantine, La bave marine A la plage fait un mouvant collier. Au centre du golfe rythmé Par quatre barques orphelines Flottent des couleurs impromptues Qui l'une de l'autre s'enivrent, Et que des rames équilibrent Tandis que l'ancre à jeun mord la vase charnue. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jules Supervielle (1884 - 1960) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jules Supervielle | |||||||||
Biographie / OuvresSes parents, français, se sont expatriés en Uruguay pour fonder une banque. De retour en France pour des vacances, l'année même de la naissance de Jules, il meurent tous les deux : il devait y avoir quelque chose dans l'eau du robinet. C'est son oncle et sa tante qui l'élèvent et qui s'occupent de la banque en Uruguay. Ce n'est qu'à l'âge de 9 ans qu'il apprend qu'il est adopté. ChronologieDe 1880 à 1883 : Bernard, oncle du poète, fonde en Uruguay une banque avec sa femme Marie-Anne. Cette entreprise devient rapidement familiale : Bernard demande à son frère Jules, père du poète, de venir le rejoindre en Uruguay. Jules fait du trio un parfait quatuor en épousant sa propre belle-soeur, Marie, soeur de Marie-Anne et mère du poète. |
|||||||||