Louise Labé |
Tu es, tout seul, tout mon mal et mon bien ; Avec toi tout, et sans toi je n'ai rien ; Et, n'ayant rien qui plaise à ma pensée, De tout plaisir me trouve délaissée, Et, pour plaisir, ennui saisir me vient, Le regretter et pleurer me convient, Et sur ce point entre en tel déconfort Que mille fois je souhaite la mort. Ainsi, ami, ton absence lointaine Depuis deux mois me tient en cette peine, Ne vivant pas, mais mourant d'un amour Lequel m'occit dix mille fois le jour, Reviens donc tôt, si tu as quelque envie De me revoir encor' un coup en vie ; Et si la mort avant ton arrivée A de mon corps l'aimante âme privée, Au moins un jour viens, habillé de deuil, Environner le tour de mon cercueil, Que plût à Dieu que lors fussent trouvés Ces quatre vers en blanc marbre engravés : Par toi, ami, tant vécus enflammée Qu'en languissant par feu suis consumée, Qui couve encor sous ma cendre embrasée Si ne la sens de tes pleurs apaisée. Je vis, je meurs : je me brûle et me noyé. J'ay chaut estreme en endurant froidure : La vie m'est et trop molle et trop dure. J'ai grans ennuis entremeslez de joye : Tout à un coup je ris et je larmoyé, Et en plaisir maint grief tourment j'endure : Mon bien s'en va, et à jamais il dure : Tout en un coup je seiche et je verdoyé. Ainsi Amour inconstamment me meine : Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me treuve hors de peine. Puis, quand je croy ma joye estre certeine, Et estre au haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur. |
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Louise Labé (1524 - 1566) |
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Portrait de Louise Labé | |||||||||
Biographie / chronologiePierre Charly, apprenti cordier (peut-être d'origine italienne), né aux alentours de 1470, illettré au point de ne pas savoir signer, épouse Guillermette Decuchermois, sans doute âgée ; celle-ci est veuve depuis 1489 de Jacques Humbert, dit Labé (ou L'Abbé [forme la plus ancienne], l'Abé, Labbé, Labbyt), cordier installé rue de l'Arbre sec. Pierre reprend le surnom de Labé, qui est attaché au fond BibliographieLouise Labé (ou Labbé) est née à Lyon vers l'année 1524. Son père, Pierre Charly, était un cordelier de la ville. Elle tirera son surnom, la belle cordelière, de son père aussi bien que de son futur époux, Ennemont Perrin, qui exercera la même activité. |
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