Louise Labé |
II ne faut point que j'appelle Les hauts Dieus à mon secours. Ou bien la bande pucelle ' Pour m'ayder en mon discours. s Puis que les Dieus, de leur grâce. Les saintes Muses, les Cieus, Ont tant illustré la face, Le corps, l'esprit curieus De celle, dont j'apareille io La louenge nompareille. Je congnoy bien clerement Que toute essence divine Me favorise, et s'encline A ce beau commencement. Sus sus donq, blanche senestre, Fay tes resonans effors : Et toy, ô mignarde destre, Chatouille ses dous acors : Chantons la face angelique, Chantons le beau chef doré, Si beau, que le dieu Delphique D'un plus beau n'est décoré. Noublions en notre mètre Comme elle osa s'entremettre D'armer ses membres mignars : Montrant au haut de sa teste Une espouvantable creste ' Sur tous les autres soudars. O noble, ô divin chef d'euvre » Des Dieus hauteins tous puissans, Au moins meintenant descouvre Tes yeus tous resjouissans, Pour voir ma Muse animée. Qui de sa robuste main Haussera ta renommée Trop mieux que ce vieil Rommain Qui sa demeure ancienne, La terre Saturnienne Délaissa pour ta beauté, Afin qu'à toy rigoureuse Il fut hosties piteuse En sa ferme loyauté. La Muse docte divine Du vieillard audacieus , Par le vague s'achemine Pour t'enlever jusqu'aus Cieus: Mais la Parque naturelle Dens les Iberiens chams . Courut desemplumer l'aile sa De ses pleurs et de ses chans : Envoyant en sa vieillesse, Mal séant en ta jeunesse, Son corps, au tombeau ombreus : Et son ame énamourée En l'obscure demouree Des Royaumes tenebreus. Dieus des voûtes estoilees. Qui en perdurable tour ' Retiennent emmantelees Les terres, tout à l'entour: Permetez moy que je vive Des ans le cours naturel, A fin qu'a mon gré j'escrive En un ouvrage éternel, De cette noble Déesse La beauté enchanteresse, Ce qu'elle ha bien mérité : Et qu'en sa gloire immortelle. On voye esbahie en elle Toute la postérité. Ainsi que Semiramide, Qui feingnant estre l'enfant De son mari, print la guide Du Royaume trionfant, Puis démantant la Nature Et le sexe féminin, Hazarda à l'aventure Son corps jadis tant bénin, Courant furieuse en armes Parmi les Mores gendarmess, Et es Indiques dangers |
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Louise Labé (1524 - 1566) |
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Portrait de Louise Labé | |||||||||
Biographie / chronologiePierre Charly, apprenti cordier (peut-être d'origine italienne), né aux alentours de 1470, illettré au point de ne pas savoir signer, épouse Guillermette Decuchermois, sans doute âgée ; celle-ci est veuve depuis 1489 de Jacques Humbert, dit Labé (ou L'Abbé [forme la plus ancienne], l'Abé, Labbé, Labbyt), cordier installé rue de l'Arbre sec. Pierre reprend le surnom de Labé, qui est attaché au fond BibliographieLouise Labé (ou Labbé) est née à Lyon vers l'année 1524. Son père, Pierre Charly, était un cordelier de la ville. Elle tirera son surnom, la belle cordelière, de son père aussi bien que de son futur époux, Ennemont Perrin, qui exercera la même activité. |
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