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Marie de France

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Guillaume de Machaut


Poésie / Poémes d'Marie de France





La figure de Guillaume de Machaut domine la poésie du XIVe siècle. Après des études menées au moins jusqu'à la maîtrise es arts, ce Champenois, né vers 1300 dans une famille non noble originaire du village de Machault dans les Ardennes, entre vers 1323 au service du roi de Bohême Jean de Luxembourg, auprès duquel il occupe diverses fonctions de notaire et de secrétaire. Il a ainsi l'occasion de voyager à travers toute l'Europe. En 1337, son protecteur obtient pour lui du pape un canonicat à Reims. A partir de 1340 environ, il semble se fixer à Reims. Il quitte vers cette époque son protecteur pour sa fille, Bonne de Luxembourg, femme de Jean, duc de Normandie - le futur roi de France Jean II le Bon. A la mort de Bonne en 1349, il s'attache au roi de Navarre Charles d'Evreux, dit plus tard « le Mauvais ». Après 1357 il est au service de Jean, duc de Berry, tout en entretenant des rapports étroits avec son frère aîné Charles, duc de Normandie, puis roi de France (Charles V), à la cour duquel il séjourne et qu'il reçoit dans sa maison de Reims, où il meurt en avril 1377.



Cette carrière est en elle-même significative de l'importance du mécénat à la fin du Moyen Age. Les cours imposent leurs modes et s'attachent les écrivains les plus illustres. Au XV siècle, ceux de la cour de Bourgogne seront de véritables fonctionnaires. L'exercice, la nature même de la poésie passent par ces relations du poète et du prince, comme le dit le titre de l'ouvrage fondamental de Daniel Poirion.



Nous n'avons pas à nous occuper ici de l'importante ouvre musicale de Machaut, où figurent entre autres sa fameuse Messe et une vingtaine de motets. Son ouvre littéraire se partage essentiellement entre la poésie lyrique et le dit. Elle comprend quelque quatre cents pièces lyriques, qui peuvent chercher la cohérence du recueil comme les cinquante ballades et rondeaux de la Louange des dames. Quant aux dits, les principaux sont le Jugement du Roy de Behaingne (vers 1340), le Remède de Fortune (vers 1341), le Dit dou Lyon (1342), le Dit de l'Alerion (avant 1349), le Jugement du Roy de Navarre (1349), le Confort d'Ami (1357), la Fonteinne amoureuse (vers 1361), le Voir dit (1364). D'autres sont plus brefs (Dit de la Marguerite, Dit de la Rose, Dit de la Fleur de Lis et de la Marguerite, Dit du Cerf blanc si ce dernier poème est vraiment de luI). Dans un genre différent, un long poème historique, la Prise dAlexandrie (1369), est consacré à la vie du roi de Chypre Pierre I" de Lusignan. Vers la fin de sa vie, Machaut compose un Prologue à l'ensemble de son ouvre, prologue qui livre un art poétique et un peu un art de vivre en poésie.

C'est de ce prologue qu'il faut peut-être partir. H manifeste la volonté a posteriori de donner à l'ouvre une unité. Plus encore, il témoigne, à travers la fiction allégorique qu'il met en scène, de la mission dont se sent investi le poète : Nature et Amour l'ont « formé à part » pour composer de nouviaus dis amoureus plaisons. Nature, qui a formé spécialement Guillaume afin qu'il chante l'amour, met à sa disposition, pour donner forme à sa poésie, trois de ses enfants, Sens, Rhétorique et Musique. De son côté, Amour lui fournit la matière poétique grâce à Doux Penser, Plaisance et Espérance. Enfin, la joie lui permet d'actualiser ces virtualités poétiques et de créer. Ainsi s'affirme la conscience des ressources de l'écriture, de la création et de cette dignité nouvelle du clerc, qui est d'être poète ~ mot réservé aux auteurs de l'Antiquité jusqu'à ce que Deschamps l'applique à son maître Machaut. A cette conscience du poète Machaut joint la conscience des valeurs qu'il se doit de défendre et qu'il voit menacées. Valeurs chevaleresques idéalement incarnées dans son patron, le « bon roi de Bohême », valeurs de l'amour et de la courtoisie. Ce sont ces valeurs qui sont en question et en débat dans le Jugement du Roy de Behaingne et le Jugement du Roy de Navarre, qui traitent de casuistique amoureuse (lequel est le plus à plaindre d'un chevalier trahi par son amie ou d'une dame dont l'amant est mort ?), dans le Confort d'Ami, dans la Fonteinne amoureuse, tous poèmes où le je du poète se fait l'avocat de ces valeurs ou en est le témoin, aussi bien que dans ceux où il tient le rôle de l'amant comme le Remède de Fortune, dans une moindre mesure le Dit dou Lyon et le Dit de l'Alerion, et surtout le Voir dit. Double rôle où s'inscrivent les tensions qui marquent la relation à l'écriture du clerc amoureux. Double rôle où trouve à s'exercer « un engin si soutil », si subtilement analysé par Jacqueline Cerquiglini.

Le Voir dit, c'est-à-dire le Dit véritable - « à la fois dit du vrai et vrai dit », comme le souligne J. Cerquiglini -, est l'ouvre maîtresse de Machaut par son ampleur, par sa date tardive qui en fait le couronnement et la somme de son activité créatrice, par la synthèse qu'il offre des formes et des valeurs que le poète s'est attaché à promouvoir, et aussi par la fiction autobiographique qu'il développe et qui a beaucoup frappé. On en a déjà évoqué plus haut la trame. Une toute jeune fille de noble naissance, dont un anagramme cache et livre le nom, Péronnc d'Annenticres, s'éprend sans l'avoir jamais vu et sur sa seule gloire du vieux poète. Elle lui écrit pour lui avouer un amour que Guillaume lui retourne aussitôt. Ils échangent des poèmes et des lettres. Les uns et les autres sont insérés dans le dit, qui renferme ainsi soixante-trois poésies lyriques et quarante-six lettres, la moitié de ces pièces étant attribuée à Péronne. Us s'envoient des présents. Une brève rencontre finit par les unir, puis ils reprennent leur liaison épistolaire et poétique. Mais celle-ci est divulguée et les « losengiers » cherchent à perdre le poète dans l'esprit de la jeune fille. Jaloux, Guillaume compare à la changeante Fortune l'esprit de sa bien-aimée qui, apprenant ses soupçons, s'en justifie.



Ainsi, en un montage grâce auquel s'élabore en même temps que l'ouvre la figure du poète, le récit enchâsse les pièces lyriques, mais en même temps n'est tout entier que le développement et l'écho de l'émoi lyrique. Car « l'aventure n'est qu'amoureuse » et « ses péripéties sont les aléas du désir », pour reprendre des formules de Jacqueline Cerquiglini :

Car cilz qui aimme par amours Car celui qui aime d'amour

Ha des joies et des elamours a des joies et des souffrances,

Et des diverses aventures des expériences varices,

Et des joieuses et des dures, certaines joyeuses, d'autres pénibles,

Des granz désirs et des pensées de grands désirs et des pensées

Diversement cntremellees. diversement entremêlées.

(Voir dit, v. 1568-1573, texte établi par J. CerquiglinI).



A cette réflexion sur « le clerc et l'écriture », sur l'amour et les jeux de Fortune, à l'inspiration courtoise, au cadre et à l'imagerie allégoriques hérités du Roman de la Rose (par exemple dans le Dit du Vergier ou dans la Fontaine amoureusE), à la théâtralisation du moi qui fonde le dit, Machaut ajoute des intérêts et des accents propres à son époque, que l'on retrouvera plus nettement encore chez ses successeurs : l'attention au temps, aux dates, au vieillissement ; une relation nouvelle à la réalité. Le poète qui, dans l'introduction du débat de casuistique amoureuse qu'est le Jugement du roi de Navarre, évoque les calamités de son temps - la peste, les flagellants, le massacre des Juifs ; le poète qui, dans le Confort d'Ami, adresse ses consolations à ce même roi de Navarre, au moment où il languit dans les prisons du roi de France et qui, dans la Fonteinne amoureuse, en adresse d'autres au duc Jean de Bcrry, quittant sa dame pour partir comme otage en Angleterre après le traité de Brétigny ; le poète qui fonde le charme et le drame du Voir dit sur l'écart des âges, le temps et les étapes de l'aventure : ce poète ouvre la poésie à un dialogue nouveau avec le monde, tout en affirmant fortement le caractère impérieux de ses lois propres.

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Marie de France
(1160 - 1199)
 
  Marie de France - Portrait  
 
Portrait de Marie de France

Biographie / chronologie

Marie de France est une poétesse médiévale célèbre pour ses lais - sortes de poèmes - rédigés en
ancien français1. Elle a vécu pendant la seconde moitié du XIIème siècle, en France puis en Angleterre,
où on la suppose abbesse d'un monastère, probablement2 celui de Reading.

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