Mohammed Dib |
Soirs tendres de Paris, que vous m'êtes amers ; Pour l'exilé, Paris obscur c'est un enfer. Quand le ciel gris et rose au-dessus de la Seine Se repose en tremblant tout son cour crie et saigne. Quel étranger ici ne se sent pas chez lui ? Mais ça vous prend ainsi dès que tombe la nuit. Sa place, on ne l'a pas dans cette ville immense, Croit-on ; c'est le mauvais rêve qui recommence. Je n'y peux rien, cette heure aiguise ma folie ; - Et comme un déporté qui maudit son châlit, Paris, tout Paris qu'il est, je le voue au diable ; Bonnes gens, pardonnez ma peine irrémédiable. Marche encore pendant que le jour se meurt... Rue Bonaparte puis quai Malaquais, et les grues D'un chantier, Pont-des-Arts, dressent d'inquiètes ombres, Et le Louvre après dort d'un sommeil lourd et sombre. Ils vont, les peupliers, narrant en frémissant Tout bas on ne sait quel apologue au passant, L'homme est mis à l'encan, grand-pitié de notre âge. Les peupliers noirs vont, des voix plein le feuillage... Place de la Concorde, oubli soudain de soi. La scène est vide mais la lumière de soie, À la fois rêve ardent et pensée essentielle, Refait la paix en moi sous le chant nu du ciel. |
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Mohammed Dib (1920 - 2003) |
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Portrait de Mohammed Dib | |||||||||
BiographieMohammed Dib a traversé toute l'histoire de la littérature algérienne de langue française, et il y occupe une place particulière et éminente. Il appartient d'abord au courant réaliste de la première génération d'auteurs maghrébins, qui veut témoigner contre la situation coloniale. Mais son ouvre évolue vite et donne une place plus large aux jeux de l'imaginaire, avant d'aboutir, dans les années 19 BibliographieLa Grande Maison, roman, Le Seuil, 1952 et Points Seuil. Prix Fénéon, 1953. L'Incendie, roman, Le Seuil, 1954 et Points Seuil. Au café, nouvelles, Gallimard, 1955; Sindbad, 1984. Le Métier à tisser , roman, Le Seuil, 1957 et Points Seuil. Un Été africain, roman, Le Seuil, 1959. Baba Fekrane, contes pour enfants, La Farandole, 1959. Ombre gardienne, p |
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