Nicolas de Bonneville |
I Que d'images de la douleur! Sombre atelier, dis-moi le statuaire. Dont le génie atrabilaire Rend le marbre plus dur, plus froid! Quelle pâleur! Quels démons et quel crime ont produit sur la terre Tous ces monuments du malheur? Ils ont assassiné la liberté publique! Un ramas de brigands et de vils délateurs, Ont d'un sénat esclave inondé le portique. Ces marbres que tu vois, ce sont les sénateurs ! Quel esprit infernal t'assiège ! Ô rive de la Seine, ô jour infortuné ! De la création le Temple est profané ! ô Paris, ô sénat, ô Peuple, ô sacrilège! Où courez-vous ainsi, brigands séditieux ? En vain à la vertu vous déclarez la guerre. Renonce, ô mon Poète, à lancer le tonnerre; Ou frappe de terreur ces monts ambitieux! II Est-ce une ivresse prophétique ? Il a vu, quel regard, le sein de l'avenir ! D'où naissent mes transports et ce feu poétique, Qui rappelle en mon cceur ce lointain souvenir ? Dans la Grèce antique. Le poète a chanté les vainqueurs et les chars De la course olympique. Qu'un nouvel hymne, un sublime cantique, Puisse, en nos jours, créer les jeux du Champ-de-Mars. Danse, jeune guerrier, dans ton cercle magique. Chante des anciens Francs le courage énergique ! Des mains de ce vieillard, plein d'attendrissement, Reçois pour ta victoire une feuille civique ; Que ta mère, en ses bras, te serre tendrement, Et toi, jeune beauté, soupire innocemment ! Que j'aime, ô Peuple franc, ta sauvage musique! D'un empire nouveau, le chantre véridique Te dira le commencement. Que cet empire heureux dure éternellement ! III Dans le temple de la gloire, Assis dans un char de fer, Ils adoraient Pindare, à tous les voux offert ! Le chour de ses guerriers, qui disait sa victoire, Rendait ses chants plus purs, par le plus doux concert ! Pindare éternisa la Grèce et sa mémoire ! Dans un réduit stérile et de haillons couvert. Sous le fer de la tyrannie, Pindare, où retrouver ton antique harmonie ? Dans l'esclavage et dans l'adversité. Le cour est sec, flétri. Sommeil. Caducité. Ni théâtre adoré, ni chour, ni symphonie, D'un peuple libre, heureux, le spectacle enchanté, Il n'a rien... Il a tout ! le trésor du génie ! Son cour aime la vérité. Ne peux-tu pas créer, et ranimer la cendre De l'innocent persécuté ? Jusqu'aux enfers je veux descendre, Pour y frapper le crime épouvanté. Vous, amis de la liberté, Accourez tous. J'ai pour m entendre Toutes les Nations et la postérité. Tempêtes, taisez-vous. Siècles, faites silence ! Justice, je te rends ton glaive et ta balance ! Indigne oppresseur, tu pâlis! Il croyait ses forfaits dans l'ombre ensevelis ! Et voilà ta sentence ! Lis! i'I l'SIEURS VOIX Tempêtes, taisez-vous ! Siècles, faites silence ! une vorx Ô Justice, il te rend ton glaive et ta balance. UNE AUTRE VOTX C'est l'Ami de la vérité, Il aura pour l'entendre Toutes les Nations et la postérité ! Jusqu'aux enfers il veut descendre Pour y frapper le crime épouvanté. TOUT LE CHOUR D'un saint recueillement je ne puis me défendre. IV Jusqu'aux jours, sans nuage, aux sages destinés. Pour annoncer au monde une clarté nouvelle, La sainte Vérité, toujours pure, immortelle, Une lumière universelle ; Où de nos anciens Francs, par le crime enchaînés. Aujourd'hui tous ensemble, à l'amour entraînés, Les vrais représentants et la fleur la plus belle, Diront aux tyrans couronnés : Prêtres et rois, ô bande criminelle, Allez! qu'à leurs remords ils soient abandonnés; Où tous, reconnaissant la voix qui les appelle, Pour jouir des bienfaits de la loi fraternelle. Du Nord et du Midi, des climats éloignés. Viendront dans la ville éternelle. S'unir par des nouds fortunés ; Les cieux ont sur la terre envoyé quelques sages Des peuples opprimés, véritables flambeaux ! Mais les rois et le prêtre et les anthropophages Éteignent les pensers et les feux les plus beaux Qui pourraient éclairer leurs obscurs brigandages ! Ils voudraient enlever, que d'attentats divers ! La couleur, la parole et l'âme à l'univers. une vocx Dans le livre de la Sagesse, A-t-il trouvé ces chants, ce précieux trésor ? Est-ce un hymne sacré du chantre de la Grèce, Au temple de Minerve, écrit en lettres d'or ? UNE AUTRE VOtX De peur qu'un tyran ne ravisse À nos derniers neveux, ce précieux trésor, Dans le temple de la justice, Gardons ces chants sacrés, écrits en lettres d'or. UNE AUTRE Que ses chants prophétiques Soient imprimés au cour des francs républicains. UNE AUTRE VOIX Pindare, couronné pour ses chants olympiques, Dans la Grèce a reçu des hommages divins. |
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Nicolas de Bonneville (1760 - 1828) |
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