Paul Verlaine |
Tu n'es pas la plus amoureuse De celles qui m'ont pris ma chair ; Tu n'es pas la plus savoureuse De mes femmes de l'autre hiver. Mais je t'adore tout de même ! D'ailleurs ton corps doux et bénin A tout, dans son calme suprême, De si grassement féminin. De si voluptueux sans phrase. Depuis les pieds longtemps baisés Jusqu'à ces yeux clairs purs d'extase. Mais que bien et mieux apaisés ! Depuis les jambes et les cuisses Jeunettes sous la jeune peau, A travers ton odeur d'éclisses Et d'écrevisses fraîches, beau. Mignon, discret, doux petit Chose A peine ombré d'un or fluet, T'ouvrant en une apothéose A mon désir rauque et muet. Jusqu'aux jolis tétins d'infante. De miss à peine en puberté. Jusqu'à ta gorge triomphante Dans sa gracile vénusté. Jusqu'à ces épaules luisantes. Jusqu'à la bouche, jusqu'au front Naïfs aux mines innocentes Qu'au fond les faits démentiront. Jusqu'aux cheveux courts bouclés comme Les cheveux d'un joli garçon, Mais dont le flot nous charme, en somme, Parmi leur apprêt sans façon. En passant par la lente échine Dodue à plaisir, jusques au Cul somptueux, blancheur divine. Rondeurs dignes de ton ciseau. Mol Canova ! jusqu'aux cuisses Qu'il sied de saluer encor. Jusqu'aux mollets, fermes délices. Jusqu'aux talons de rose et d'or ! Nos nouds furent incoercibles ? Non, mais eurent leur attrait leur. Nos feux se trouvèrent terribles? Non, mais donnèrent leur chaleur. Quant au Point, Froide ? Non pas. Fraîche. Je dis que notre « sérieux » Fut surtout, et je m'en pourléche. Une masturbation mieux. Bien qu'aussi bien les prévenances Sussent te préparer sans plus, Comme l'on dit, d'inconvenances", Pensionnaire qui me plus. Et je te garde entre mes femmes * Du regret non sans quelque espoir De quand peut-être nous aimâmes Et de sans doute nous ravoir. |
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Paul Verlaine (1844 - 1896) |
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Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
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