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Paul Verlaine



A fernand langlois - Poéme


Poéme / Poémes d'Paul Verlaine





Vous vous êtes penché sur ma mélancolie,
Non comme un indiscret, non comme un curieux.
Et vous avez surpris la clef de ma folie,
Tel un consolateur attentif et pieux ;



Et vous avez ouvert doucement ma serrure,
Y mettant tout le temps, non ainsi qu'un voleur,
Mais ainsi que quelqu'un qui préserve et rassure
Un triste possesseur peut-être receleur.



Soyez aimé d'un cour plus veuf que toutes veuves.
Qui n'avait plus personne en qui pleurer vraiment.
Soyez béni d'une âme errant au bord des fleuves
Consolateurs si mal avec leur air dormant ;



Que soient suivis des pas d'un but à la dérive
Hier encor, vos pas eux-mêmes tristes, ô
Si tristes, mais que si bien tristes, et que vive
Encore, alors ! mais par vous pour
Dieu, ce roseau.



Cet oiseau, ce roseau sous cet oiseau, ce blême
Oiseau sur ce pâle roseau fleuri jadis,
Et pâle et sombre, spectre et sceptre noir :
Moi-même !
Surrexit hodie, non plus : de profundis.



Fiat !
La défaillance a fini.
Le courage
Revient.
Sur votre bras permettez qu'appuyé
Je marche en la fraîcheur de l'expirant orage.
Moi-même comme qui dirait défoudroyé.



Là, je vais mieux.
Tantôt le calme s'en va naître.
Il naît.
Si vous voulez, allons à petits pas,
Devisant de la vie et d'un bonheur peut-être
Non, sans doute, impossible, en somme, n'est-ce pas ?



Oui, causons de bonheur.
Mais vous ? pourquoi si triste,
Vous aussi ?
Vous si jeune et si triste, ô pourquoi.
Dites ?
Mais cela vous regarde ; et si j'insiste.
C'est uniquement pour vous plaire et non pour moi.



Discrétion sans borne, immense sympathie !
C'est l'heure précieuse, elle est unique, elle est
Angélique.
Tantôt l'avez-vous pressentie ?
Avez-vous comme su - moi je l'ai - qu'il fallait



Peut-être bien, sans doute, et quoique, et puisque, en somme. Éprouvant tant d'estime et combien de pitié.
Laisser monter en nous, fleur suprême de l'homme.
Franchement, largement, simplement, l'Amitié.

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Paul Verlaine
(1844 - 1896)
 
  Paul Verlaine - Portrait  
 
Portrait de Paul Verlaine

Ouvres

Après une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b

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