Paul Verlaine |
Je veux, pour proclamer dignement ses louanges, M'aider du sistre d'or ainsi que font les anges Célébrant le Seigneur, Et, poète sans frein, plein d'un noble délire, Chanter, m'accompagnant aux cordes de la lyre. Une ode en son honneur. Car il est grand, malgré son nom. Vastes contrastes : Grand, Petit. Et je veux choisir entre ses fastes Un haut fait de renom... C'était voilà longtemps, environ quatre lustres. Deux voyageurs alors, ni l'un ni l'autre illustres. Riches, je crois que non, S'arrêtèrent dans un buffet dans une gare, Et ma foi, las et soûls de toute la bagarre D'un train â bon marché. Burent sans trop compter, marcs, rhums, bitters, absinthes. Et dame ! leur langage en paroles peu saintes S'était, las ! épanché, Quand des gendarmes, représentant la morale. Empoignèrent les imprudents, et, sépulcrale Leur voix hurla : « Allaiz ! » Ils allèrent jusqu'au superbe hôtel de ville De la ville (beffroi superbe et de quel style !) Qui servait de palais. Il siégeait dans un cabinet d"acajou sombre Au milieu de cartons et de dossiers sans nombre. Le spectacle imposant ! En favoris de coupe un peu Louis-Philippe - Et faux toupet avec, magistrale, une lippe Idoine au cas présent. « Vos noms, professions, et estera. » Les autres De répondre conformément, en bons apôtres D'ailleurs sûrs de leur fait. L'interrogat fini : « Bien, dit-Il, qu'on reparte Pour Paris. » Alors, sans par trop perdre la carte Et pendant qu'D se tait : L'un : « Mais qu'avons-nous fait pour qu'ainsi l'on nous traite En vagabonds ? » Lui : « Silence ! Quelle défaite ! Or vous avez émis Des choses qu'on ne peut ouïr dans notre ville Presque sacrée à force d'être si tranquille. Puis, VOUS ÊTES MAL MIS ! » |
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Paul Verlaine (1844 - 1896) |
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Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
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