Paul Verlaine |
I Monsieur le curé dit sa messe congrument... Quand il stoppe soudain : c'est un bibliotaphe ! « Je serais éloquent si j'étais polygraphe *, » Tant il y a d'erreurs dans son agissement : Heurts sans but du ciboire, échange des burettes A tort et à travers, et tant d'et esteras ! C'est, vous dis-je. un bibliotaphe dont les bras Sont tombés à l'aspect d'enluminures, blettes Un peu, mais si du temps ! dans ce missel, pourtant Connu de lui, vieux serviteur concomitant Jusque là cru banal, et voilà qu'il révèle Des mérites dont la Fabrique a peu cure, elle !... Et talonné par le scrupule et le péché, L'abbé va droit se confesser à l'Evêché. II L'Évêque, poivre et sel, a souri dès l'abord : « Eh quoi, mon cher ami, vous convoitez ce livre, « Achetez-le. je ne crois pas qu'en sous de cuivre, « Non plus que d'or, le prix en soit d'un poids bien fort. » Et l'abbé : « Mais c'est que Monseigneur aurait tort « De croire, d'un côté, ce livre, qu'il se livre « Pour un morceau de pain, qu'il se vende à la livre. « Mon plus borné fabricien est plus retord « Que cela de donner un missel rarissime, « Précieux, ancien, joli ! pour un patard, « Et de l'autre que ma bourse ne soit minime « A l'excès. » Et, rêveur descendu d'une cime, Familier et grattant un peu ses cheveux gris, L'Évêque, bas : « Allez, je payerai le prix. » III Le Colonel et sa traduction d'Horace, Son exemplaire avec quel souci relié, - Coins fins, or mis au point, - d'un art presque oublié. Sont tombés de cheval dans le combat tenace. Un hussard de la Mort à terre s'est rué, Lettré, qui sur l'Horace a mis sa main rapace. Le Colonel, alors, sur ses reins se ramasse Et d'un coup de son revolver, l'a, tôt, tué. Mais lui-même il se sent mourir de sa blessure Et, ne voulant mourir sans que rien le rassure Contre le retour d'un tel voleur que dessus. Il détruit des cinq coups qui lui restent le Livre Qui brûle et se consume à ses côtés. - En sus, La bataille en ce lieu même arrive et se livre. |
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Paul Verlaine (1844 - 1896) |
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Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
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