Paul Verlaine |
Ceci vaut le classique hexamètre. Écoutez Religieusement, car ce sont vérités, Ma parole sacrée, ou le diable m'emporte ! Il s'agissait de mettre un couvent à la porte En vertu de décrets signés Jules Grévy. Et ce fut un scandale énorme tôt suivi D'un bien plus grand encor quand, pour le mémorable Assaut, la garnison pourtant considérable : Génie et trait et ligne encor se renforçait. Dans l'importante ville forte que l'on sait, De police rurale et de gendarmerie, - Plus, ultima ratio, de l'artillerie. Mais reprenons. Aux fins de sommer « l'ennemi » Composé de quatre vieillards, d'une demi-Douzaine d'ordinands et du portier, l'usage Veut que cela soit fait - l'usage est-il très sage ? - En pareil cas, par le Procureur du ressort. Or, dans l'espèce, le Procureur fit le mort. On cherche, on fouille, l'on trifouille, l'on déterre. Pas plus de Procureur que sur la main. Mystère ! Mystère ? Non ! assure-t-on dans les salons ; Non ! clame-t-on dans les cafés. - « Eh mais, allons, Le Petit la connaît, le Petit n'est pas bête. » Cependant la Loi triomphait. Dieu ! quelle fête Pour la démocrassie et pour la liberrté Solidaires dans l'indivisibilité ! On enfonça la porte à coups de hache et d'autres Engins d'effraction, sous l'oil en patenôtres D'un monsieur laid titré commissaire central. Ceint d'un large torchon tricolore ventral. Comme eût dit René Ghil pour fermer une écharpe. Et les soldats honteux de cet exploit d'escarpe, L'arme au pied, attendaient le signal de tirer, De charger, de pointer, mais on put espérer Bientôt qu'on n'aurait point besoin de ces extrêmes Expédients, car bientôt s'en sortirent, blêmes Mais fermes, leurs paquets à la main, les vaincus Avec, au col, la main chacun de deux Argus. (Lisez : « policiers », mais les besoins de la rime !) Or pendant que l'on punissait ainsi le crime D'être chez soi, priant, aumônieux et doux, Monsieur le Procureur, aux champs, soignait la toux Qui l'avait justement pris la veille des choses. Des oncles, bons chrétiens, s'étaient montrés moroses Devant le « devoir » incombant à leur neveu Qui, Cid nouveau, luttant entre le monde et Dieu, (Entre la révocation et l'héritage), Prit ce biais d'être malade. Après l'orage Il revint dans sa bonne ville, très guéri Et très bientôt, grâce à du zèle dru, nourri, - Tel le feu d'une armée au cour d'une bataille - Se vit promu, malgré les rires, - faut qu'on raille ! - Président, s'il vous plaît, du Tribunal civil De la ville, et taxé par les uns d'être vil, Par les autres d'être un malin... C'est bien la vie ! Magistrature que l'Europe nous envie ! |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Paul Verlaine (1844 - 1896) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
|||||||||