wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Paul Verlaine



écrit en 1875 - Poéme


Poéme / Poémes d'Paul Verlaine





J'ai naguère habité le meilleur des châteaux '

Dans le plus fin pays d'eau vive et de coteaux :

Quatre tours s'élevaient " sur le front d'autant d'ailes.

Et j'ai longtemps, longtemps habité l'une d'elles.

Le mur. étant de brique extérieurement,

Luisait rouge au soleil de ce site dormant.

Mais un lait de chaux, clair comme* une aube qui pleure.

Tendait légèrement la voûte intérieure.

Ô diane des yeux qui vont parler au cour,

Ô réveil pour les sens éperdus de langueur.

Gloire des fronts d'aïeuls, orgueil jeune des branches,

Innocence et fierté des choses, couleurs blanches !

Parmi des escaliers en vrille, tout aciers

Et cuivres, luxes brefs encore émaciés,



Cette blancheur bleuâtre et si douce, à m'en croire.

Que relevait un peu la longue plinthe noire.

S'emplissait tout le jour de silence et d'air pur

Pour que la nuit y vînt rêver de pâle azur.

Une chambre bien close, une table, une chaise.

Un lit strict où l'on pût dormir juste à son aise,

Du jour suffisamment et de l'espace assez.

Tel fut mon lot durant les longs mois là passés,

Et je n'ai jamais plaint ni les mois ni l'espace.

Ni le reste, et du point de vue où je me place

Maintenant que voici le monde de retour.

Ah ! vraiment, j'ai regret aux deux ans dans la tour !

Car c'était bien la paix réelle et respectable.

Ce lit dur, cette chaise unique et cette table,

La paix où l'on aspire alors qu'on est bien soi,

Cette chambre aux murs blancs, ce rayon sobre et coi.

Qui glissait lentement en teintes apaisées.

Au lieu de ce grand jour diffus de vos croisées.

Car, à quoi bon le vain appareil et l'ennui

Du plaisir, à la fin, quand le malheur a lui

(Et le malheur est bien un trésor qu'on déterre),

Et pourquoi cet effroi de rester solitaire

Qui pique le troupeau des hommes d'à présent,

Comme si leur commerce était bien suffisant ?

Questions !
Donc, j'étais heureux avec ma vie.

Reconnaissant de biens que nul, certes, n'envie.

(ô fraîcheur de sentir qu'on n'a pas de jaloux !

O bonté d'être cru plus malheureux que tous !)

Je partageais les jours de cette solitude

Entre ces deux bienfaits, la prière et l'étude.

Que délassait un peu de travail manuel .

Ainsi les
Saints !
J'avais aussi ma part de ciel,

Surtout quand, revenant au jour, si proche encore.

Où j'étais ce mauvais sans plus qui s'édulcore

En la luxure lâche aux farces sans pardon.

Je pouvais supputer tout le prix de ce don :

N'être plus là, parmi les choses de la foule,

S'y dépensant, plutôt dupe, pierre qui roule.

Mais de fait un complice à tous ces noirs péchés.

N'être plus là, compter au rang des cours cachés.

Des cours discrets que
Dieu fait siens dans le silence.

Sentir qu'on grandit bon et sage, et qu'on s'élance

Du plus bas au plus haut en essors bien réglés,

Humble, prudent, béni, la croissance des blés ! -

D'ailleurs, nuls soins gênants, nulle démarche à faire.

Deux fois le jour ou trois, un serviteur sévère

Apportait mes repas et repartait muet.

Nul bruit.
Rien dans la tour jamais ne remuait

Qu'une horloge au cour clair qui battait à coups larges.



C'était la liberté (la seule !) sans ses charges.

C'était la dignité dans la sécurité !

Ô lieu presque aussitôt regretté que quitté,

Château, château magique où mon âme s'est faite ,

Frais séjour où se vint apaiser la tempête

De ma raison allant à vau-l'eau dans mon sang.

Château, château qui luis tout rouge et dors tout blanc.

Comme un bon fruit de qui le goût est sur mes lèvres

Et désaltère encor l'arrière-soif des fièvres,

Ô sois béni, château d'où me voilà sorti

Prêt à la vie, armé de douceur et nanti

De la
Foi, pain et sel et manteau pour la route

Si déserte, si rude et si longue, sans doute,

Par laquelle il faut tendre aux innocents sommets.

Et soit aimé
I'Auteur c de la
Grâce, à jamais !

Stickney,
Angleterre.

Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Paul Verlaine
(1844 - 1896)
 
  Paul Verlaine - Portrait  
 
Portrait de Paul Verlaine

Ouvres

Après une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b

Chronologie


Biographie


mobile-img