Paul Verlaine |
I Ô ne blasphème pas, poète, et souviens-toi. Certes la femme est bien, elle vaut qu'on la baise, Son cul lui fait honneur, encor qu'un brin obèse Et je l'ai savouré maintes fois, quant à moi. Ce cul (et les tétons) quel nid à nos caresses ! Je l'embrasse à genoux et lèche son pertuis Tandis que mes doigts vont, fouillant dans l'autre puits Et les beaux seins, combien cochonnes leurs paresses ! Et puis, il sert, ce cul, encor, surtout au lit Comme adjuvant aux fins de coussins, de sous-ventre, De ressort à boudin du vrai ventre pour qu'entre Plus avant l'homme dans la femme qu'il élit. J'y délasse mes mains, mes bras aussi, mes jambes, Mes pieds. Tant de fraîcheur, d'élastique rondeur M'en font un reposoir désirable où, rôdeur. Par instant le désir sautille en voux ingambes. Mais comparer le cul de l'homme à ce bon eu A ce gros cul moins voluptueux que pratique Le cul de l'homme fleur de joie et d'esthétique Surtout l'en proclamer le serf et le vaincu, « C'est mal », a dit l'amour. Et la voix de l'Histoire. Cul de l'homme, honneur pur de l'Hellade et décor Divin de Rome vraie et plus divin encor, De Sodome morte, martyre pour sa gloire, Shakespeare, abandonnant du coup Ophélia, Cordélia, Desdémona, tout son beau sexe Chantait en vers magnificents qu'un sot s'en vexe La forme masculine et son alléluia. Les Valois étaient fous du mâle et dans notre ère L'Europe embourgeoisée et féminine tant Néanmoins admira ce Louis de Bavière, Le roi vierge au grand cour pour l'homme seul battant. La Chair, même, la chair de la femme proclame Le cul, le vit, le torse et l'oil du fier Puceau, Et c'est pourquoi, d'après le conseil à Rousseau, Il faut parfois, poète, un peu « quitter la dame ». |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Paul Verlaine (1844 - 1896) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
|||||||||