Paul Verlaine |
Éloigné de vos yeux ', Madame, par des soins Impérieux (j'en prends tous les dieux à témoins). Je languis et je meurs ", comme c'est ma coutume En pareil cas, et vais, le cour plein d'amertume, A travers des soucis où votre ombre me suit, Le jour dans mes pensers, dans mes rêves la nuit, Et la nuit et le jour adorable, Madame * ! Si bien qu'enfin, mon corps faisant place à mon âme. Je deviendrai fantôme à mon tour aussi, moi, Et qu'alors, et parmi le lamentable émoi Des enlacements vains et des désirs sans nombre, Mon ombre se fondra pour jamais c en votre ombre. En attendant, je suis, très chère, ton valet. Tout se comporte-t-il là-bas comme il te plaît, Ta perruche, ton chat, ton chien ? La compagnie Est-elle toujours belle, et cette Silvanie Dont j'eusse aimé l'oil noir si le tien n'était bleu. Et qui parfois me fit des signes, palsambleu ! Te sert-elle toujours de douce confidente ? Or, Madame, un projet impatient me hante De conquérir le monde et tous ses trésors pour Mettre à vos pieds ce gage - indigne - d'un amour Égal à toutes les flammes les plus célèbres Qui des grands cours aient faitd resplendir les ténèbres. Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi ! Par Marc-Antoine et par César que vous par moi. N'en doutez pas. Madame, et je saurai combattre Comme César pour un sourire, ô Cléopâtre, Et comme Antoine fuir au seul prix d'un baiser. Sur ce, très chère, adieu. Car voilà trop causer. Et le temps que l'on perd à lire une missive N'aura jamais valu la peine qu'on l'écrive. |
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Paul Verlaine (1844 - 1896) |
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Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
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