Paul Verlaine |
I Telle autre gloire est, j'ose dire, plus fameuse, Dont l'éclat éblouit mieux encor qu'il ne luit : La sienne fait plus de musique que de bruit. Bien que de pleurs brûlants écumeuse et fumeuse. Mais la bonté du cour, mais l'âme haute et pure Tempèrent ce torrent " de douleur et d'amour Et, se mêlant à la douceur de la nature. A sa souffrance aussi, de nuit comme de jour, Promènent sous le ciel tout pluie et tout soleil. A chaque instant, avec à peine des nuances, Un large fleuve harmonieux de confiances Vives et de désespoirs lents, et, non pareil. II chante, l'ample fleuve au capricieux cours, L'hymne infini de toute la tendresse humaine Où la fille et l'amante et la mère ont leurs tours. Où le poète aussi, dans l'horreur qui nous mène. Vient mêler son sanglot qui finit en prière Universelle, et la beauté même d'un art Issu du sang lui-même et de la vie entière, Rires, larmes, désirs et tout, comme au hasard. Car elle fut artiste, et, sous la fougue ardente Dont va battre son vers vibrant comme son cour, On perçoit et l'on doit admirer l'imprudente Main au prudent doigté tout vigueur et langueur. - Les villes, ainsi que les peuples, ont la gloire Qu'elles valent, et toi, Douai, tu méritas Celle-ci, pays calme où vécut de l'histoire Tumultueuse en masse et formidable en tas. Cité d'églises et de beffrois, et campagnes Pleines de « jeunes Albertines », mais, encor, « Où s'assirent longtemps les ferventes Espagnes '. » Tel l'ouvre et tel le cour, fleurs et pleurs, flûte et cor, En harmonie avec la femme et le génie. Il est juste, il est temps - pour l'honneur de ses vers ? Non, ils sont ton honneur même et ta fleur bénie. Sa patrie, ô Douai, « doux * lieu de l'univers » -, Il n'est que temps, il n'est que grand temps et que juste, Ville, son cher soucic dans ce cruel Paris, De dresser quelque part sa ressemblance auguste En quelqu'un de tes « coins » qu'elle a le plus chéris. Afin que les cloches encor de Notre-Dame Bercent du moins son ombre à l'ombre des rameaux Qui furent familiers au repos de cette âme Infatigable et qui lui murmuraient les mots'' De ces poèmes dont nous célébrons la fête Intellectuelle et cordiale, - et, ô Toi, ô grande * Marceline, ô sublime poète. Et femme exquise, accueille cet acte de foi ! II La plus noble d'esprit, la plus grande de cour, Partant la plus charmante et la plus douloureuse Des femmes, c'est encore le poète vainqueur Du rythme souple et sûr et de la rime heureuse. Nous t'aimons et nous te louons, chaste amoureuse. Toute passion forte et divine langueur, Poëte au verbe plein par cette langue creuse, Notre muse attendrie en ce vil temps moqueur. Tu vécus de souffrir et mourus à la tâche ; Tes premières chansons furent pour l'amitié Où ta jeune âme ofTrait sa meilleure moitié. Le délire des sens, dont toute chair rabâche, T'inspira des accents que nul n'égalera. Et ton ouvre de mère à jamais survivra ! |
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Paul Verlaine (1844 - 1896) |
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Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
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